30, Argentine, Le bleu des glaciers et...Perito Moreno!
Le bleu des glaciers et…Perito Moreno !
« - Et ce ciel ? Et toutes ces étoiles, Baldo ? Un autre mensonge de la Patagonie ?
- Quelle importance ? Sur cette terre nous mentons pour être heureux.
Mais personne ici ne confond mensonge et duperie. »
Luis Sepulvada : « Le neveu d’Amérique »
C’est une grosse bourgade articulée autour d’une rue principale sans charme.
Les chiens, comme souvent en Argentine, quand ils en ont marre de courir derrière les voitures, s’affalent sur les trottoirs au pied des commerces.
En fin de journée, avant que la fraîcheur s’installe, les terrasses s’animent.
On y parle Français, Anglais, Allemand, Japonais, Mandarin certainement, Russe probablement et aussi Espagnol quand même !
Ici, aucun souci pour s’équiper pour la rando, certains la surnomme la « ville Goretex », c’est tout dire !
Elle emprunte le nom d’un arbuste épineux, un genre de berbéris très répandu dans cette partie Sud de la Patagonie, le calafate.
Les Indiens Tehuelche assurent que celui qui mange les savoureuses baies du calafate se doit de revenir…Mais où ? Au bord des glaciers bien sûr !
Sans l’exceptionnelle beauté du Parque Nacional los Glaciares, El Calafate n’existerait pas :
Cette commune vit (bien) à 200% du tourisme et doit absolument tout à sa proximité avec le diamant de la Patagonie.
Le parc est d’une beauté sauvage :
Pas moins de treize glaciers enfantés par des montagnes de légende s’échappent dans deux grands lacs, el lago Viedma et el lago Argentino.
C’est la partie atlantique du champ de glace Sud de Patagonie qui recense 47 glaciers.
Après l’Antarctique et le Groenland, c’est la troisième calotte glacière de la planète.
Ça jette un froid, sauf à El Calafate qui se frotte les mains !
Une virée en bateau au départ de Punta Bandera permet d’approcher le glacier Spegazzini et de pénétrer dans le fjord monumental qui mène au glacier Upsala :
Icebergs bleus flottants sur des eaux tantôt laiteuses, tantôt turquoise, ciel azur et nuages fuyants parfois accrochés aux sommets des montagnes, le spectacle est réellement à la hauteur de l’attente.
" Soudain, un gigantesque iceberg apparut dans une courbe tel un navire de cristal venant de prendre la mer.
C'était une vision extraordinaire;
le soleil se décomposait en mille couleurs vives dans les entrailles de la glace et cette lumière se reflétait comme si d'innombrables petits miroirs illuminaient ce beau vaisseau.
Beau mais dangereux, un choc et c'était le naufrage.
Francisco Coloane: " Le dernier mousse."
C’est une nature envoutante, on mesure l’extraordinaire puissance des glaciers.
Les embarcations qui se tiennent à distance raisonnable du front de glace apparaissent comme des jouets miniatures dans cet océan bleu et blanc.
Ce musée flottant, parmi ces œuvres d’art en mouvement, recèle une star, un monument de la nature, une pièce unique fascinante, l’emblématique Perito Moreno.
De gigantesques tours de glace achèvent leur course dans un bras du lago Argentino.
Le spectacle devient grandiose quand Perito Moreno fait craquer sa carcasse :
Son manteau bleu libère alors dans un fracas retentissant des blocs de glace qui iront rejoindre le vagabondage des icebergs.
Le glacier Perito Moreno est l’un des seuls glaciers patagons qui n’est pas en régression.
Le front du glacier fait environ 5000 m de long, la hauteur de glace est de 170 m, dont 60 m sont émergés.
Il avance d’environ 2 mètres par jour.
À certains endroits son épaisseur atteint 700 m.
C’est décidément un champion, un « premier de cordée » !
« Le glacier Perito Moreno a été baptisé du nom du naturaliste et explorateur Francisco Pascacio Moreno. Il a étudié la Patagonie au XIXe siècle et joua un rôle majeur dans la défense du territoire argentin, dans les discussions pour la détermination de la frontière avec le Chili. »
Le retour vers El Calafate nous remet les pieds sur terre.
Il faut compter une bonne heure de bus pour grignoter les 60 km qui séparent l’entrée du Parc et la lagune qui borde la ville.
La promenade qui longe la lagune est reposante, on peut y flâner sans ennui et suivre le ballet des oies, des cygnes et des flamands roses qui, comme une armada, se rassemble au soleil déclinant.
Il n’y a pas que les glaciers à El Calafate, on peut y trouver quelques tables gourmandes et aussi d’excellentes bières artisanales !
Conseils aux voyageurs :
Plus on descend vers le sud plus les prix grimpent !
El Calafate n’est pas une destination bon marché.
Pour l’hébergement, faites un tour sur Airbnb, à plusieurs on peut louer des cabañas confortables, c’est souvent meilleur marché que les lits en dortoir.
Le lit en dortoir peut atteindre la modique somme de 15 à 20 Euros.
Nous avons loué une cabaña tout confort (capacité 3 personnes) pour 35 Euros la nuitée.
Inutile de vous fatiguer à comparer les prix des excursions dans les nombreuses agences de voyage de la rue principale :
Les tarifs sont fixes et identiques, tout semble appartenir à la société « Hielo&Aventura », on dit même que le patron de cette grosse machine est propriétaire des glaciers !
L’entrée du Parc Nacional Los Glaciares pour les non résident est fixé à 800 pesos et valide pour une seconde journée consécutive où on obtient une réduction de 50%.
Pour 2 journées consécutives dans le parc : 1200 pesos (18 Euros/ Janvier 2020).
La valeur du peso en chute libre rend la transaction plus attractive que par le passé récent.
Il faut ajouter le prix du bus et éventuellement les excursions nautiques :
« Todo Glaciares » :
Visite des glaciers Spegazzini et Upsala.
Départ à 7 h/7h30 depuis El Calafate pour arriver à l’embarquement de Punta Bandera à 8h30 et retour vers 18 h à El Calafate.
Le minibus peut vous prendre en charge à la porte de votre hébergement.
Environ 4h de navigation, prix Janvier 2020 : 6400 pesos (95 Euros). Entrée du parc non incluse.
« Perito Moreno » en bateau :
Une bonne heure de navigation vers le front du glacier et ensuite promenade sur les différentes passerelles qui permettent d’approcher la star, 2500 pesos (38 Euros). Entrée du parc non incluse.
« Le Big Ice » :
3 h 30 de marche sur le glacier Perito Moreno avec guide accompagnateur, hors de prix, on vous laisse découvrir.
Nous n’avons pas été tenté d’arpenter ce robuste géant qui demeure toutefois fragile.
On a préféré une bonne table pour savourer l’agneau de Patagonie. (Je sais, ça aussi c’est pas bon pour la planète !)
Une bonne boulangerie : chez « Don Luis », une belle table : « La Tablita », une bonne bière : « la Zorra »
Et une belle rencontre:
Jean Philippe entame sa deuxième année de roadtrip en Amérique du Sud.
Originaire du Tampon sur l'île de la Réunion, cet ingénieur en travaux publics a laissé de côté les tractopelles et les terrassements.
Il voyage avec "Brioche" qui parfois grogne un peu mais lui assure une compagnie sans désaccord.
Elle aboie quand ça va pas!
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