5, Argentine, Buenos Aires au bord de l'eau.
5, Argentine, Buenos Aires au bord de l’eau.
" Le désert était tout embaumé de cigares.
D'un soir à l'autre soir, l'histoire prenait place;
On se partageait des souvenirs illusoires.
Tout était déjà là...Sauf le trottoir d'en face.
Pas de commencement possible à Buenos Aires
Je le sens éternel comme l'eau,comme l'air."
Jorge Luis Borges, Cahier San Martin (1929)
On ne s’en aperçoit pas de suite. On peut même l’ignorer totalement tant la ville absorbe le voyageur dès sa sortie de l’aéroport.
Le gigantisme des longues avenues, la densification de l’urbanisation et cette impression d’arpenter une galette totalement sans relief, font de Buenos Aires une métropole qu’on pourrait croire sans fin et sans horizon.
On ne le devine pas, seuls quelques goélands paresseux livrent un indice.
Construite sur une vaste plaine, la citée s’est étendue sur la pampa, Il faut quitter le centre, se diriger vers l’Est pour comprendre que la capitale est aussi un port et une ville littorale.
Porteños y Porteñas, c’est ainsi que les hommes et femmes de Buenos Aires se définissent : les habitants du port.
Puerto Madero et ses friches industrielles récemment reconverties avec élégance, est devenu un lieu en vue.
Les anciens entrepôts de briques rouges qui menaçaient ruines ont capté l’attention d’architectes de renom qui ont rafraîchi l’affaire.
Le résultat est à la hauteur des prix pratiqués des appartements qui garnissent les tours luxueuses dominant le Rio de la Plata.
Hôtels de luxe, lofts somptueux et restaurants gastronomiques complètent le décor.
Puerto Madero est fier de son monument emblématique,
El Puente de la Mujer.
C’est l’architecte Catalan Santiago Calatrava (concepteur également de la gare TGV Lyon-St Exupery) qui a imaginé ce pont d’un blanc étincelant qui enjambe le Dock 3.
Long de 160 mètres il est apte à une rotation de 90 degrés permettant le passage des bateaux.
Avec beaucoup d’imagination on peut, paraît-il, y voir un couple dansant le tango.
Dans le bassin sont amarrées deux anciennes frégates : la Corbeta Uruguay qui jusque dans les années 20 patrouillait le long des côtes jusqu’aux bases argentines plantées en Antarctique.
La Fragata Sarmiento quant à elle, a cessé ses navigations en 1938.
A son actif pas moins de 37 tours du monde avec escales dans les grands ports européens (dont Brest et Lorient), Plus de 20 000 élèves officiers ont fait leurs classes sur cette frégate.
Le long des quais rénovés un bel ensemble architectural associant le béton brut, le verre et l’acier abrite un splendide musée d’art.
C’est la (très) riche aristocrate et mondaine Amalia Lacroze de Fortaba qui offre à la visite sa collection privée.
L’exposition temporaire du moment est consacrée au peintre Romulo Maccio : « Cronicas de New York », superbe !
A quelques pas des quais, calqué sur la poste centrale de New York, un imposant édifice a été habilement métamorphosé en centre culturel.
C’est Nestor Kirchner, ancien Président d’Argentine, qui proposa de transformer l’ancienne poste en un vaste espace dédié à différentes cultures :
Auditoriums, salles de spectacle et galeries d’art occupent huit étages, ça impressionne !
Voir la mer, longer le rio, chercher la quiétude au cœur de la ville, c’est certainement la Reserva Ecologica avec ses 350 hectares de lagunes et de marais qui offre cette véritable bouffée d’air aux citadins.
C’est une réserve naturelle reposante, agréable, un endroit privilégié pour les oiseaux migrateurs et bien sûr, c'est le poumon vert de Buenos Aires.
Les familles profitent des coins pique-nique, les amateurs de photos animalières se massent le long des berges.
Par endroit, à la faveur d’une trouée dans la végétation luxuriante, la réserve laisse surgir les tours de verre des nouveaux quartiers qui surplombent les marais.
Sentiers de terre en quantité, aménagement écolo, parcours santé et jeux pour les enfants, il y en a pour tous les goûts.
En quittant la réserve, il ne faut pas manquer de saluer Guillermo Villas !
On peut faire aussi de belles rencontres avec de jeunes militants qui investissent les quartiers en vue des élections décisives du dimanche 27 Octobre.
Si un grand nombre s’oppose au pouvoir en place, samedi 19 octobre les partisans de Macri ont semble -t-il réussi leur pari.
Près d’un demi-million de personnes ont manifesté ce samedi pour soutenir la candidature du président sortant, le libéral Mauricio Macri, en mauvaise posture pour la présidentielle face au péroniste Alberto Fernández, qui l’a sévèrement battu aux primaires.
C’est majoritairement la classe moyenne qui a envahi l’Avenida de 9 de Julio dans un imposant cortège.
Dans le concert des slogans, pas un mot sur la crise économique, pas un seul murmure sur la pauvreté en augmentation.
Dans une Amérique Latine en proie à une ébullition certaine, la violence des événements récents à Santiago du Chili n’est pas sans interroger les Argentins.
Un jeune Chilien qui travaille dans l’auberge où nous résidons, nous dit :
« Le Chili vient de faire un bon en arrière de trente ans ! ».
Affaire à suivre.
Et puis ce samedi, il y avait aussi la course pour octobre rose…
Merci à cette sympathique participante d’avoir accepté de figurer sur le blog !
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