9, Argentine, la réserve "Carlos Pellegrini"
9, Argentine, la réserve Carlos Pellegrini.
Avant on y cultivait du riz.
C’était avant, maintenant c’est devenu un sanctuaire.
Des marécages, des étangs lumineux posés sur une pampa herbeuse, une faune totalement libre et préservée, mais aussi un ciel qui brutalement peut faire passer los Esteros del Ibera du jour à la nuit.
Alors, les eaux deviennent noires et se confondent au ciel ténébreux.
Dans cette splendide zone humide protégée de dix-huit mille hectares, une vie sauvage peu farouche s’expose au naturel :
il s’agirait de l’endroit d’Amérique du Sud le plus favorable à l’observation de la vie animale.
C’est un habitat fertile peuplé d’une faune extrêmement diversifiée.
Et dans l’air, des moustiques bien sûr !
Pas très simple d’y arriver mais pas impossible non plus puisque nous y sommes.
Nous quittons Colon entre Rios avec un bus de nuit.
C’est presqu’un régal, le confort est proche de la « classe affaire » des compagnies aériennes (que nous ne connaissons pas, mais on imagine).
Le service est parfait, le contrôleur veille à nous sortir du sommeil à quatre heures du matin au passage de Mercedes de Corrientes, c’est ici que nous faisons
l’arrêt.
La ville de Mercedes ne présente pas d’intérêt particulier, mais constitue la principale porte d’entrée des « Esteros del ibera », ce lieu sauvage hors du commun, bien connu des amateurs de la photo animalière, mais relativement peu fréquenté par les touristes étrangers.
Il nous faut rejoindre le pueblito de Carlos Pellegrini, un village de verdure et de sable au cœur de la réserve :
Un camping en bordure de lagune, des hospedajes simples au confort sans prétention, quelques lodges luxueux pour satisfaire le touriste fortuné, et surtout une immense tranquillité.
Pour y arriver, 120 km à parcourir au milieu de nulle part, dont une bonne moitié sur une large piste qui peut devenir mal aisée en cas de fortes pluies.
À la gare routière de Mercedes, Daniel, un gars du cru, habitué à repérer les touristes à la recherche d’un moyen de transport pour gagner Pellegrini, propose son pick- up :
Négociation sur le prix, nous trouvons le terrain d’entente qui nous permet de déposer nos sacs chez Mabel dès dix heures du matin.
Chaleur accablante, taux d’humidité maximum…
On nous rassure, l’orage ne devrait pas tarder à assainir l’atmosphère.
En attendant que l’abondante pluie se mette à tambouriner sur les toits de tôle, nous prenons un premier contact avec cet univers lacustre où les animaux sont rois :
Une centaine d’espèces animales sont répertoriées, il y a donc de quoi faire et de quoi voir !
Des sentiers aménagés bordant les lagunes permettent une première approche de ce monde de marécages et d'étangs herbus aux rives incertaines:
Spectacle permanent même par temps de pluie!
Et ici, il pleut souvent !
Les étangs peu profonds sont uniquement alimentés par l’eau tombée du ciel.
Lorsqu’on annonce une belle journée, ne pas manquer la ballade en lancha.
Ces petites embarcations approchent l’habitat faunistique en silence, moteur coupé et progression à la perche de navigation.
C’est sur les embalsados, îles flottantes formées par l’accumulation de végétaux, que l’on se régale sans jamais se lasser du show des yacarés, carpinchos, cerfs des marais, cigognes…
Nature féérique pour un récital d’exception !
Parmi cette foisonnante faune, le yacaré fait sensation :
En plein soleil, totalement immobile, on peut les croire en plastique dur.
Ces petits caïmans au cuir noir peuvent atteindre les trois mètres et sont bien vivants.
Le yacaré coule des jours heureux en bonne entente avec l’ensemble de la communauté et en particulier avec la star des Esteros de Ibera, l’incontournable carpincho qui colonise la réserve :
Dans l’eau, au frais dans des trous de boue ou encore sur la route, on l’observe partout.
Les carpinchos qui vivent en petite communauté sont les plus gros rongeurs de la planète, ils mesurent jusqu’à 1m 35 et peuvent atteindre le poids respectable de 70 kg.
Et puis il y a ce grand seigneur, le cerf des marais, en augmentation nous dit-on car cette majesté n’a plus de prédateur.
Les cerfs et les biches sont moins faciles à observer, on les devine discrets.
De nombreux oiseaux dont j’ignore le nom, peuplent également la Colonia Carlos Pellegrini.
...et à la nuit tombante la magie s’installe sur les marais.
Conseils aux voyageurs :
Mercedes est quasiment le passage obligé pour se rendre à la réserve de Carlos Pelligrini.
Si vous débarquez d’un trajet de nuit (De 4 à 6h du matin) il faut patienter jusqu’à 12h 30 pour emprunter l’unique bus quotidien (sauf dimanche, à vérifier) qui assure la relation Mercedes/Pellegrini.
3 à 4h de route en fonction de l’état de la piste.
Il est possible de trouver des camionnetas qui font le trajet ou mieux encore des pick-up (4 places) qui partent de la gare routière vers 7H.
(arrivée à Pellegrini vers 9h30).
Négocier le prix est une évidence mais sur le fond il n’y a pas d’arnaque.
(Octobre 2019 nous avons payé 500 pesos/personne, mas o menos 7, 5 euros)
Sur place dans le village, un excellent camping mais offrant peu de place, en pleine saison prévoir la réservation.
Nombreux petits hospedajes chez l’habitant au confort très simple.
Lodge grand standing aussi pour ceux qui le souhaitent.
Pas de banque, prévoir des espèces.
Carte bancaire visa acceptée en théorie mais système souvent défaillant malgré un réseau internet assez performant.
Dans les hébergements rustiques, espèces uniquement.
Pour les petits budgets, le Lonely Planet mentionne deux guesthouse.
Nous ne les recommandons pas, même s’ils peuvent être satisfaisants, car il est possible de trouver l’équivalent à moitié moins cher (1000 pesos la chambre double au lieu de Deux mille petits déjeuners inclus).
Logement en dortoir possible.
Prix du repas en moyenne 5 à 600 Pesos pour deux, bouteille de bière d’un litre bien fraîche incluse. (7, 5 à 9 Euros).
Quand la température voisine les 40° ça aide à attendre la violence de l’orage.
Pour quitter la réserve, bus à 4h du matin, le ou la propriétaire de l’hébergement dans lequel vous demeurez, téléphone la veille au chauffeur qui fait le tour du village et marque l’arrêt à la porte :
très pratique en cas de forte pluie.
Pour les voyageurs en route vers le Nord Est et qui ont du temps, Carlos Pellegrini vale la pena !
Deux nuits minimum, trois c’est mieux. Interroger la météo n’est pas inutile.
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