Egypte 20, "Khan El-Khalili", le grand bazar du Caire.
Egypte 20, « Khan El-Khalili », le grand bazar du Caire.
« …Elles reconnurent d’abord les odeurs, ce mélange d’épices et de crottin, les effluves de friture, mélangés aux relents d’égouts.
Ça sentait à nouveau l’Egypte, la vraie, celle qu’elles connaissaient, à l’odeur forte… »
Tobie Nathan. « Ce pays qui te ressemble »
Quitter Le Caire sans faire une virée dans le « Khan El-Khalilli » serait dommage.
Il faut prendre le temps d’arpenter le plus grand souk d’Egypte, s’égarer dans le cœur palpitant du Caire Islamique, sentir l’effervescence qui s’empare des ruelles de cet immense bazar.
Immense, il n’y a pas d’autre mot, c’est énorme !
C’est une immersion dans le théâtre oriental, riche en couleurs et senteurs, un moment d’évasion dans l’Orient mythique chargé de légendes.
J’ai la sensation, probablement erronée, mais ça fait rêver, que rien n’a changé depuis des siècles.
Quarante années après ma première rencontre avec le « Khan El-Khalilli », j’ai toujours la même impression de traverser un tableau de peintre orientaliste du 19 ème siècle.
Labyrinthe étourdissant, le souk est un dédale fiévreux où une foule pressante incite instinctivement à s’assurer que son portefeuille n’a pas changé de place !
Réflexe de voyageur et précaution vraisemblablement inutiles, tant l’honnêteté des Egyptiens n’est pas à mettre en doute.
Le souk cache aussi quelques endroits oubliés :
Les parfums d’épices, les odeurs de musc et les relents de friteries enveloppent d’étroits passages ombragés sous des toiles tendues.
Arcades et alcôves n’abritent pas moins de mille boutiques !
De quoi satisfaire la demande des touristes en quête du souvenir à glisser au fond du sac.
C’est ici que la lutte s’engage :
D’un côté le marchand, rompu à l’exercice, habile à vous distraire, et en face le visiteur qui doit faire preuve de discernement.
Malheur aux plus pressés, persuadés d’embarquer une belle pièce de l’artisanat local, ils repartiront très souvent avec une bricole « made in China » ;
C’est le jeu !
Le souk et ses étalages envahis de contrefaçons ensorcellent !
Chanel "N°5", "Shalimar", "Opium" et autres parfums à prix confondants ! étonnant non ?
La visite reste magique, mais sous ces oasis d'ombre traversées des traits bleutés de la lumière, le piège est savamment tendu !
Ça sonne faux…Pour le voyageur, le souk est vraisemblablement le dernier lieu pour faire « des affaires ».
Mais, au cœur du souk, il reste à découvrir les superbes « wakala », ces anciens caravansérails ordonnés autour d’une cour protégée de hauts murs et abritant autrefois les échoppes aux plafonds voûtés.
Des escaliers étroits mènent aux étages et terrasses, distribuant des appartements intelligemment ventilés et disposant de nombreux salons et salles de réception :
Notables et riches commerçants y résidaient.
Portes massives, pierre sculptée, autant de marqueurs d’un intense passé et de la noblesse des lieux.
Les pièces réservées aux femmes disposent de magnifiques moucharabiehs à toutes les fenêtres :
Elles peuvent voir sans être vues… (Quelle chance !)
Extraordinaire fourmillement humain, le « Khan El-Khalili » peut vite épuiser le marcheur, c’est alors le moment de se poser au café Fichaoui :
On nous dit que ce bistrot n’a pas changé depuis deux cents ans (Bon, les prix ont été actualisé, hein !), un bel endroit pour fumer la shisha et boire le thé devant de larges miroirs d’époque.
Le grand bazar du Caire est un endroit à part :
Baromètre économique de la ville, c’est un indicateur de la santé du négoce, les commerçants ont payé lourd depuis la révolution et l’effondrement du tourisme.
Ne pas hésiter à s’imprégner de cet atmosphère trépidante, et pour nous qui profitons de nos derniers jours au Caire, le souk nous prépare au retour en France…
Il paraît que c'est le grand bazar qui commence !
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