Egypte 9, Les sépultures des rois...Et Adel, tailleur, roi du souk!
Egypte 9, les sépultures des rois… Et Adel, tailleur, roi du souk !
Trésors cachés dans les entrailles du calcaire, elles auraient dû demeurer secrètes, rester à l’abri des regards…
Les tombes de la vallée des Rois furent de tout temps objet de convoitise.
Si les temples, monumentaux, devaient démontrer aux vivants la toute-puissance des Pharaons, leurs sépultures, quant à elles, devaient être oubliées.
Au pied d’une montagne dont le sommet est en forme de pyramide naturelle, signe des Dieux, la vallée encaissée, isolée, garantissait aux dépouilles royales protection et sérénité : la barque solaire guidant Pharaon vers l’autre monde pouvait voguer en paix.
Prendre soin de dissimuler des tombeaux pendant des millénaires n’était pas gagné !
Les pillards, qui déjà existaient du temps des pharaons, sont passés avant les archéologues…
Une à une, les lourdes pierres qui muraient les antichambres ont valsé, au détriment de la quiétude des morts et au bénéfice de la curiosité des vivants.
C’est dans cette vallée, brûlée de soleil, espace lunaire presque sinistre, sol sans vie ensevelissant les morts, que débuta le mythe moderne de l’Egypte antique :
En 1922, Howard Carter, abat une paroi du caveau de Toutankhâmon.
Plié en quatre, une bougie à la main, Carter se glisse dans la salle obscure… Un de ses compagnons s’étonne de son profond silence :
« Voyez-vous quelque chose ? » « …Oui, des merveilles ! » répond Carter.
Tombeau intact, les trésors avec lesquels on avait pris soin d’entourer le jeune pharaon feront le tour du monde.
L’intérêt pour l’histoire de l’Egypte antique refait surface, le tourisme se développe.
Près de soixante-dix tombes de pharaons sont enfouies dans la roche.
Des fouilles ont permis d'en mettre à jour un certain nombre.
La plus part des puits funéraires sont fermés à la visite, afin de permettre leur restauration.
Un roulement de sépultures accessibles aux touristes est affiché à l’entrée du site…en compagnie de quelques « barbus » recherchés, eux aussi à l’affiche !
Ceux-là, qui ne sont pas tous « barbus » d’ailleurs, ne sont pas des pilleurs de tombe !
Allez, c’est parti pour la visite de la vallée des Rois…
Les tombes sont numérotées dans l’ordre chronologique de leur découverte précédées de KV (King’s valley)
Les sépultures royales du Nouvel Empire répondent toutes à un même plan : Une longue galerie souterraine distribue des salles, parfois simples niches, pour aboutir à une chambre funéraire.
Parmi les plus exceptionnelles, la tombe de Touthmôsis III, (KV 34 fermée lors de notre passage), les tombes de Ramsès III (KV 11), Ramsès IV (KV 2) et Ramsès VI (KV 9).
À ne pas négliger, si vous avez du temps : Tausert et Seth-Nnakht (KV 14), Septah (KV 47) et Mérenptah (KV 8).
Vous pouvez vous en passer :
La tombe de Toutankhamon (KV 62), annoncée décevante dans sa décoration. Beaucoup de Chinois ! (pas sur les murs ! en vrai !)
Préférer la somptueuse salle du Musée égyptien du Caire rassemblant les trésors du pharaon qui régna peu de temps mais devint célèbre grâce à sa tombe.
Ci-dessous avertissement identique concernant l’illustration de l’article sur la vallée des Reines :
Les photos ne sont pas autorisées à l’intérieur des sépultures.
J’ai respecté ce principe malgré les insistances sans cesse répétées des gardiens qui ne manquent pas de proposer moyennant backchich les prises de vue.
Dans cet article, toutes les photos qui illustrent notre visite dans les tombes sont issues d’agences et en usage libre.
Après les salles funéraires royales, retour chez les « vivants » sur l’autre rive.
Dans les rues vibrantes du souk, là où nous avons obtenu une audience au près du roi des tailleurs, Adel Estafanos nous reçoit dans son échoppe grande comme un cagibi !
On ne sait pas très bien où il a fourré son nez, mais la semaine dernière il avait déjà cette goutte de sang séchée sur le bout du pif…
Adel , tailleur devant l’éternel est un Roi, le roi des tailleurs de Louxor…Avec ce bout du nez enluminé il prend parfois l’allure d’un clown !
C’est toujours le même rituel chez le Copte, nous y venons pour la troisième fois.
D’abord on doit se poser sur un tabouret, Adel n’aime pas voir les gens debout, ça l’oblige à lever la tête et alors la cendre de sa cigarette perpétuelle s’égaille un peu partout.
Le couturier s’exprime dans un bon français, parle peu, assez pour qu’on devine son humour « pince sans rire ».
Avant toute discussion le client a le choix, café, thé, tisane…
Quand il est décidé, il soulève sa maigre carcasse et prend les mesures…
Mais avant il faut qu’il trouve son mètre ruban, la recherche peut prendre un certain temps !
Les mensurations sont griffonnées sur un bout de papier qu’il glissera dans un tiroir.
« Tu mets un nom Adel ? » « Non pas besoin…On se connait »
Nous reviendrons pour les ajustements.
Vif d’esprit, agile du ciseau, fin dans son humour, le tailleur travaille le lin, la soie artisanale, dessine ses écharpes et ne marchande pas ! C’est bien le seul dans le souk !
Deux chemises, un pantalon, une robe, le tout taillé sur mesure et quelques écharpes en guise de souvenirs de Louxor, nous rappelleront avec bonheur cette belle rencontre !
Adel est un roi, d’ailleurs il loge sur le « west bank », non loin de la vallée des monarques ! ...
Sous les "gros ballons" dit-il !
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