Jamaïque 6, Kingston, la capitale...
Jamaïque 6, Kingston, la capitale…
« Si tu rêves de tropiques, c'est vraiment tropical, le reggae dans la rue, calypso dans la salle…
…Cadenas sur les grilles, des familles d'en haut, la brume qui scintille au-dessus du ghetto
A Trensh Town ça bouge, t'arrête pas aux feux rouges, à Tivoli Garden, no good man
La lumière qui saute, Kingston est dans le noir, les gun-men qui rôdent transformés en passoires
Et la mort qui s'en va, affamée comme moi... »
Bernard Lavilliers, « Kingston »
Dernier bain à Treasure beach, nous quittons la plage.
Deux voitures pour rejoindre Mandeville et nous sautons dans un bus bondé, il ne nous reste que les strapontins… Que nous devons partager !
Le bus fait un arrêt à Spanish town, (très) déconseillée pour les touristes !
Une demi-heure plus tard nous arrivons à la gare routière.
On ne traine pas, on ne mégote même pas le prix du taxi.
Portes verrouillées. Le taxi traverse une zone pas terrible, conforme à ce que nous attendions.
Le « reggea inn » est situé dans New Kingston, quartier supposé calme, nous allons y passer nos deux dernières nuits en Jamaïque.
Portail plein coulissant, de la tôle épaisse, digicode, caméra, filtrage par gardien jour et nuit.
Le site web de l’hôtel est défaillant, notre réservation n’est pas reconnue mais il reste des places en dortoir, c’est parfait.
D’entrée de jeu, on nous entretient sur les consignes de sécurité, on ne sort pas après 18h et de jour on emprunte uniquement la rue côté droit pour se rendre au supermarché.
La semaine passée, deux Finlandais de la guesthouse, pourtant prévenus, se sont fait dépouillés dans Down town :
ils ont quand même conservé leurs passeports !
Le cadre est planté, nous savons à quoi nous en tenir !
Phantasme ou exagération, c’est difficile de faire la part des choses, mais nous ne tenterons pas le diable.
Le lendemain matin nous prendrons un bus pour « visiter » Down town et son impressionnant marché qui colonise un réseau de rues coupées à angle droit.
La population est incroyablement dense, c’est un véritable marché Africain.
En pleine journée la visite se fait sans problème.
Comme convenu, nous n’avons dans nos poches que l’argent nécessaire pour l’achat éventuel d’une bricole et prendre le bus.
On nous a fortement déconseillé l’appareil photo, je regrette un peu car honnêtement je pense que faire quelques clichés sans provocation reste possible.
Nous marcherons jusqu’au front de mer d’où on aperçoit le port industriel.
Les immeubles qui abritent banques et assurances se sont installés sur « Ocean Boulevard ».
Le parfait hasard nous a menés à la « National Gallery of Art » de Kingston qui occupe le rez-de-chaussée d’un immeuble moderne.
Le musée n’est pas très important, mais les peintures, photographies et sculptures qui y sont présentés sont de grande qualité et donne alors une autre dimension à la Jamaïque.
Un pays qui « produit » des artistes, qui développe une culture, qui nourrit une forte identité Caribéenne ne peut pas être réduit à l’image ambigüe de violence et de misère, malheureusement ce qui marque le plus le visiteur, c’est bien ce climat de méfiance.
La paranoïa permanente:
Un climat de méfiance entretenu par d'omniprésentes grilles, surmontées de barbelés, qui accrochent les sacs plastiques noirs parachutés par le vent...
Ce n’est pas de nature à rassurer.
On est loin du « One Love » du héros national Bob Marley !
Le mélomane en quête de nostalgie reggae risque d’être déçu !
Le reggae n’existe plus beaucoup, le grand frère américain a imposé sa mode musicale :
De grands « sounds systems » vomissent un son infernal style r’n’b/reggaeton et la turbulente jeunesse de la capitale adore ça !
Bob n’est pas encore mort, en cherchant bien, l’amateur de dub, ska et roots pourra y trouver son compte, mais le reggae en Jamaïque est devenu une affaire de spécialiste, nettement plus populaire à l’étranger que sur l’île !
Nous organisons notre départ avec un semblant de soulagement, demain nous survolerons la mer des Caraïbes pour nous poser au Nicaragua.
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