Ouganda 4 : Les bus de "Kalita Coach"
Les bus « kalita » sur la route de Fort Portal:
Nous avions fait les réservations pour le parcours de Kampala à Fort Portal au près de la compagnie « Kalita Coach », une société annoncée performante par le guide « Bradt » (*1)
Le bus prévu pour un départ à 9 h 30 a quitté Kampala deux heures plus tard, le temps nécessaire pour vendre les 75 places offertes.
Généralement les bus assurant les grandes distances partent à l’heure, cela semble moins vrai actuellement en Ouganda, la forte augmentation du gas-oil accroît l’exigence de rentabilité.
Le litre de carburant diesel a récemment passé la barre de 1 euro (3500 shillings). Ce prix a évidemment des conséquences non négligeables sur l’activité du transport dans un pays où le revenu moyen est extrêmement bas. Les stations vendent le carburant au litre.
De façon étonnante, le contrôleur-vendeur ne tente pas le surbooking et nous partons au complet mais sans surcharge.
Nous avons des places à l’avant du bus, l’expérience Tanzanienne nous a appris à éviter les banquettes du fond, en particulier celles situées derrière le dernier essieu, là où le corps gémit, se tord et se cogne à chaque nid de poule.
Nous sommes les seuls « Zumgu » à bord de ce bus qui sans avouer son âge, n’est pas en trop mauvais état général !
On le sentait venir, la chaleur écrasante de cette fin de matinée annonçait les lourds nuages anthracites qui ceinturaient les dômes dorés de la nouvelle mosquée dominant la gare routière (*2) ;
l’orage allait crever le ciel avec brutalité, une pluie violente a soudainement inondé la capitale, la carcasse du bus s’est secouée entamant la sortie du parking à grands coups de klaxon, fendant la foule galopante à la recherche d’abris.
300 km sous une pluie battante incessante, limitant d’autant la visibilité sur une route nationale, par bonheur asphaltée et en excellent état!
Une route toboggan avec de sérieuses rampes dévalant les collines, arrachant au puissant moteur du bus tout ce qu’il a dans le ventre.
La pluie a rapidement infiltré l’habitacle, douchant le poste de conduite et les voyageurs à proximité des fenêtres aux joints depuis longtemps défaillants.
A aucun moment les conditions climatiques n’ont semblé affecter le conducteur (ni les passagers d’ailleurs !). Épongeant le pare-brise d’une main à l’aide d’une vielle loque, contenant le large volant tremblant de l’autre, notre chauffeur saluait à grands coups d’avertisseurs ses collègues faisant la route inverse.
C’est à une vitesse ahurissante que nous avons avalé les plantations de thé signalant la proximité des montagnes Rwenzori.
Peu avant l’approche de Fort Portal, une légère odeur âcre a gagné l’avant du véhicule, précédant la diffusion d’une vapeur blanche sous nos pieds.
Une discussion rapide entre le contrôleur et le chauffeur a conclu à l’arrêt immédiat sur le bord de la route. L’ouverture de la trappe d’accès au radiateur a laissé échapper un nuage de vapeur tiède envahissant l’habitacle…Un sauna à l’Africaine !
Armé de vieux bidons de plastique, le manutentionnaire du bus a plongé les récipients dans l’eau boueuse de la rigole qui gonflait le fossé. Une fois le radiateur à nouveau abreuvé de l’eau des collines, nous sommes repartis sous l’abondance des averses signifiant le début de la saison des pluies en Ouganda.
C’est à la nuit tombante que le bus nous a déposés à la porte de l’hôtel que nous avions prévu, le contrôleur nous a remerciés d’avoir choisi « Kalita » pour voyager !
Le trajet a été tendu bien que nous avions très tôt soupçonné les réelles qualités du pilote !
Durant les presque 6 heures de bus nous avons constaté trois camions versés au fossé sur cette route à fort trafic (*3).
Face à l’hôtel avec nos sacs, nous avons suivi du regard le bus s’éloigner vers son terminus Kasese…à l’arrière, sur l’énorme bavette en caoutchouc usagé, nous devinions peint en lettres blanches « God Bless Kalita »…il ne pouvait donc rien nous arriver !
Au « Rwenzoni travellers Inn » les braseros sont en marche, on sort les pulls, Marie demande un édredon supplémentaire pour l’immense lit « King size », les températures sont basses, nous sommes au pied des montagnes, la pluie a cessé.
*1 : les « Bradt travel guide » sont de très bons guides Anglais, fiables et détaillés dont les mises à jour sont récentes.
Documentés dans un Anglais accessible, ces guides de voyage facilitent considérablement l’approche du pays pour le voyageur en quête d’informations. Concernant l’Afrique Australe, la misère des éditions française ne laisse guère le choix…
«le Routard » survole quelques pays, « Lonely Planet » édition Anglaise est une alternative possible qui semble cependant moins fouillée que les « Bradt ».
*2 : Mosquée superbe, financée en totalité par feu Kadhafi…
l’Ouganda est à 85% Chrétienne avec une présence Islamiste faible (11%), cependant l’ex- leader libyen a arrosé généreusement la communauté musulmane pour faire pousser les minarets un peu partout dans le pays.
*3 : la route qui relie Kampala au sud-ouest du pays génère un important trafic de poids lourds avec remorque. Les chauffeurs effectuent de longues distances venant du Burundi et traversant le Rwanda et vice versa. Fatigue, vitesse excessive, chargement mal arrimé sont à l’origine de nombreux accidents impliquant les camions.
A découvrir aussi
- Rwanda 3, Madja, portrait, guide sur le Congo Nile Trail .
- Rwanda 8, Kigali, les filles de " l'Hôtel Rwanda"
- Burundi 4, photocopieuse,machine à café et plaques d'égouts...