Le Ranquet en Vadrouille...Carnet de route.

Memphis Tennessee 1, la vallée des Rois…

Comme en Égypte…

Memphis, la ville des têtes couronnées…Beaucoup de Rois pour cette petite cité du Tennessee : Martin Luther King, Elvis « The King », B.B. King…

Le Tennessee, autrefois, fût le domaine des Cherokees…Quand les colons blancs chassèrent de leurs terres les Amérindiens, ils implantèrent de vastes exploitations de tabac et de coton. Memphis développa le plus grand marché de coton des États-Unis.

« Esclavagiste » et « Sudiste », le Tennessee enfanta l’horreur en accouchant d’un monstre, une société secrète, encapuchonnée de blanc : le Ku Klux Klan.

Peuplé de plus de 6 millions d’habitants sur un territoire grand comme un cinquième de la France, le Tennessee compte 80% de Blancs pour 16% de Noirs, le reste de la population se partageant entre Hispaniques, Asiatiques et Métisses.

La ville de Memphis s’est construite sur les collines dominant le Mississippi.

Memphis est un carrefour culturel, musical, social…La ville est à la croisée des chemins entre deux Amériques différentes : au sud les fermes minables des Dixie et les bayous marécageux de Louisiane, au nord et à l’est les grands domaines céréaliers du Midwest.

C’est à Memphis que brutalement s’arrêta la carrière politique de Martin Luther King, un jour d’avril 68.

Le pasteur, militant des droits civiques, non violent (Prix Nobel de la Paix en 64), infatigable combattant de la cause des plus faibles, s’apprête ce jour là, à tenir un discours en soutien à l’action de grève des éboueurs noirs de la ville.

Luther King se tient debout devant de la chambre 306 du Lorraine Motel, cible facile, lorsqu’il s’effondre sur le balcon à 18h01, mortellement touché par une balle à la gorge.

À l’annonce de sa mort, de violentes émeutes raciales ébranleront les Etats –Unis. Pas moins de 300 000 personnes se rassembleront le jour des funérailles du pasteur qui avait « …essayé de nourrir les affamés, d’habiller les nus et d’être droit sur le Viêt-Nam… »

Deux mois plus tard, James Earl Ray, militant ségrégationniste et assassin présumé, est arrêté à l’aéroport de Londres.

Earl Ray avouera le meurtre mais se rétractera par la suite.

Aujourd’hui le Lorraine Motel fait partie du « National Civil Rights Museum » consacré au mouvement des droits civiques Américains. Le musée fait une large place à l’Histoire de Martin Luther King.

Concernant l’assassinat du pasteur, après de nombreuses enquêtes, investigations et commissions parlementaires successives, aucune hypothèse n’est privilégiée, aucune certitude n’est affirmée ; Le visiteur quitte cet excellent musée avec ses propres doutes ou convictions.

Conspiration, implication du FBI, mafia, infiltration d’un traitre au sein même des militants, action d’un seul homme ? Les questions restent posées.

Memphis côté Livre Saint et défense des pauvres, Memphis côté Rock n’Roll et liberté d’expression pour une jeunesse suffocante dans ce Sud ultra conservateur…Elvis arrive, la légende est en marche.

Le « King » c’est lui ! Mort il est encore plus vivant!

La Bible n’aura pas protégé le pasteur, le rock n’aura pas non plus évité au Roi une mort prématurée…Ces deux mythes sont ancrés dans la mémoire collective du peuple américain, ces deux icônes ont en commun la foi et la générosité…

Incontournable dans la ville, Elvis est omniprésent…700 millions de disques vendus de son vivant, plus d’un milliard après sa mort, le « King » continue de rapporter gros!

Memphis n’en finit pas avec ses rois : le Roi du Blues c’est lui, B. B. King pour Blues Boy King.

Considéré comme l’un des meilleurs guitaristes de Blues, le vieux Roi monte toujours sur scène. A 88 ans, diabétique et avec des genoux qui marchent moins bien que sa guitare, B.B. King s’obstine à gratter « lucille » dans le monde entier pour le bonheur de ses fans.

Le « B.B. King Club » à l’entrée de la célèbre Beale street où s’entassent restaurants, bars et clubs, offre sa scène chaque soir aux meilleurs Blues Bands du moment…

Si le Blues coule dans les veines de Beale street, le Rock n’ Roll n’est pas en reste : le « Jerry Lee Lewis Club » s’enflamme aussi toutes les nuits aux purs accords du rock sixties!

À l’issue de chaque concert, la scène s’abandonne aux nombreux Elvis perpétuant le mythe en reprenant les tubes du King : ambiance banane, colliers trop lourds  et doigts bagousés  mais nostalgie émouvante pour ces rockers d’une autre époque…

Dehors, la rue s’enfume des barbecues où rôtissent les « ribs » de cochon…

Police déployée, bières en pichet, bikers rassemblés en paquets, Beale street s’étourdit chaque nuit au cœur de Memphis…

Lentement, le Mississippi coule dans la vallée des Rois.

Nous avons adoré!