NZ 17, Akaroa, la "French touch"
NZ 17, île du Sud
Akaroa, la « French touch »
Les border collies naviguent inlassablement derrière les attardées, ces chiens de troupeaux savent conduire le bétail, ils « touchent » les vaches.
Au rythme du troupeau, derrière sa moto « trial », il traîne lentement une botte de foin qui efface les fientes oubliées sur la route.
Les chiens, sans aboyer, maintiennent le cadencement du bétail.
La moto zigzague sur la largeur de la chaussée pour aplanir et nettoyer les bouses fumantes maculant la route pentue qui serpente vers la baie.
« Ça fait plus propre…ici la descente est raide…ça peut faire glisser » dit-il en souriant.
Hamish Vogan est « farmer » dans le hameau de Duvauchelle, un nom qui sonne Français.
40 ans, 4 enfants, 7 à 800 vaches, des moutons (nombre variable), 8 chiens, 1000 hectares environ…
La présentation est rapide. Le timbre de sa voix est clair, le ton est calme.
On sent le robuste paysan solidement efficace!
Hamish prend soin de nous indiquer que son épouse ne travaille pas sur la ferme, les quatre jeunes enfants du couple étant une tâche quotidienne à cent pour cent.
Le père Vogan, d’origine Hollandaise, donne toujours le coup de main au fils…
« Tous les jours, quelques heures…he enjoys ! »
Hamish a une sœur qui travaille à la ville. Quand il « reprend » l’exploitation il y a moins de dix ans, le partage avec sa sœur est fait.
La puissante coopérative laitière Fonterra*(1) finance la transaction.
Voila Hamish à la tête d’une ferme de plusieurs millions de Dollars.
La valeur patrimoniale, il ne l’évoque pas ;
D'une voix posée, il parle du troupeau, de ses chiens, des pâturages verts qui couvrent les anciens volcans érodés qui glissent dans la péninsule de Banks.
Comme souvent dans l’archipel, les grandes fortunes se font discrètes, sans tapage.
Les quelques solides maisons de bois de Duvauchelle dominent le village d’Akaroa et son port qui se prélasse sur un bras du Pacifique.
Quand Cook, (encore lui!), découvre la baie en 1770, à la vue de ses terres entourées d’eau, il pense que c’est une île…
Le navigateur ne le sait pas encore mais il vient de débarquer sur la péninsule de Banks au sud de Christchurch.
Au siècle suivant, les baleiniers Français ont compris que la zone de pêche est excellente.
Vers 1835, le Normand Jean François Langlois négocie avec la communauté Maori l’achat de la péninsule pour 1000 Francs…
Sous forme de troc, il effectue un premier versement de 150 Francs, le reste du paiement devant survenir au moment de la prise de possession au retour des Français dans la région.
En 1840, Langlois organise une expédition de colons Français. Elle sera dirigée par Lavaud qui, accompagné d’une poignée de « Parisiens », débarquent à Akaroa.
Quelques semaines avant le « come back » des Français, les Anglais (encore eux!) accostent à Akaroa!
Les sujets de la Reine, s’assurant la domination de l’archipel, ont déjà signé avec les Maori le traité de Waitangi*(2) dans l’île du Nord !!
Les Français, avec un temps de retard, ne le savent pas.
Les généreux Anglais accorderont à Lavaud et à ses compagnons deux villages, dont Akaroa, au lieu de …l’île entière.
Un mauvais « timing » sans doute!
Il s’en ait fallu de peu que l’archipel ne soit partagé :
à nous l’île du Sud et à la perfide Albion l’île du Nord!
Parmi les quelques six cents habitants d’Akaroa, certains Kiwis sont descendants des premiers Français du village.
À l’emplacement du cimetière Français, une stèle rappelle le nom des familles venues de si loin chercher fortune.
Les « trois couleurs » flottent sur Akaroa, le port est charmant, les maisons bien tenues, dans les pubs on boit la bière servie en pichet.
Des noms bien de chez nous perdurent :
Baie Le Bons, rue Lavaud, Petit Paris, chez la « mer »…
La « French touch » en somme.
Akaroa est bordée de baies isolées où les vagues du pacifique caressent le sable blanc des plages.
Les cabanes de pêcheurs dorment la semaine et s’éveillent le week end.
Du haut du village de Duvauchelle, Hamish contemple la péninsule et les vallons plantés d’oliviers…
De ces belles oliveraies, l’éleveur du Canterbury ne nous a pas confié s’il en était le propriétaire.
Au bout de cette péninsule grignotée par la mer du Pacifique, Akaora, "la longue baie" en Maorie, fleure bon ce parfum de France...Reposant!
*(1) voir NZ 3, La voie lactée
*(2) voir NZ 2, au pays des Maoris…
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