Le Ranquet en Vadrouille...Carnet de route.

Viet Nam 2,

Trois jours dans les villages de montagne autour de Sapa.

Gare de Hanoï, 21H30 :

Fixé haut sur un mât, le projecteur diffuse un faisceau blafard et rectiligne indiquant le cheminement à suivre pour traverser les voies de la gare de Hanoï…

Sur les quais, les lampes torches des vendeuses de biscuits et de bières, éclairent les marche pieds des voitures couchettes qui nous déposeront tôt le lendemain à Lao Cai, frontière Chinoise.

Le train est plus confortable qu’attendu, les couchettes sont étroites mais la voiture est climatisée.

Dans une nuit qui résiste encore à l’aube naissante, le brouillard matinal emmitoufle la nouvelle ville de Lao Cai…Il fait frais, le café au lait fumant, trop sucré, aide à patienter avant le départ du minibus pour Sapa.

De hauts immeubles étroits supportant de criardes enseignes lumineuses encadrent la place de la gare : hôtels, bars, karaokés et restaurants se chicanent les touristes peu nombreux en cette saison.

Lao Cai fût rasée par l’invasion chinoise de 1979 et il faudra attendre  1993 et la normalisation pour que le poste frontière ouvre à nouveau son guichet.

La ville a du mal à retenir le voyageur ; ici on ne fait que passer pour aller en Chine ou alors pour se rendre dans les rizières en terrasses des montagnes de Sapa.

Le minibus qui nous emporte vers les reliefs grimpe paisiblement les cols qui ébrèchent les lignes de crêtes des plus hautes montagnes du Viet Nam.

Après une heure de route sur des lacets pentus dominant des vallées noyées de brouillard, nous arrivons à Sapa, petite station climatique que les Français dès 1922 savaient rejoindre pour de doux moments de villégiatures coloniales.

Il y a un côté alpin dans cette ville devenue à la mode par l’engouement que suscite son exceptionnel cadre montagnard!

On vient à Sapa pour les treks, pour la découverte des villages peuplés par les minorités, pour ses merveilleuses rizières perchées en escaliers, pour voir le soleil trouer enfin la brume dans un panorama spectaculaire…Ou tout simplement se délasser de Hanoï et y respirer l’air pur du Fansipan (3143m) qui couronne les « Alpes Tonkinoises ».

Nous allons savourer trois jours de trek qui nous emmèneront de village en village dans un splendide décor : une marche devenue parfois difficile après les lourdes pluies détrempant les sentiers des rizières.

Plusieurs passages critiques sur les pentes glissantes des forêts de bambous ont dû être négociés calmement pour éviter la chute. Tandis que nos pantalons et chaussures étaient maculés de boue, May notre guide Mhong, arrivait à l’étape avec des sandales aux pieds quasiment intactes!

May, issue de la communauté Mhong, a su durant trois jours nous enchanter dans ce paysage  qui l'a vu naître. Nous avons passé les nuits dans des familles Mhongs où nous avons eu un accueil sincère et familial.

Si les rizières à cette époque de l’année ne sont pas verdoyantes dans cette région d’altitude, saison de l’interculture, les repas servis à l’étape étaient colorés et excellents…

Les belles couleurs nous les avons aussi croisées avec les minorités Red Dao aux costumes traditionnels rouges ; nous avons pris le temps de gouter le suc de la fleur de la plante indigo qui colore de bleu les tenues des Mhongs….

Un bleu presque noir dans le ciel des montagnes de Sapa.