Zambie: Lusaka
Zambie : Lusaka
C’est une grande ville, plus d’un million d’habitants.
De nombreux buildings modernes naissent au milieu des poubelles et de la puanteur.
Des banques rutilantes, des quartiers d’affaires clinquants, des complexes commerciaux baptisés à l’américaine de « mall », de vastes ensembles « dernier cri » qui veulent donner l’illusion du bonheur, mais ne parviennent pas à effacer l’insuffisance chronique de service dans ce grand bordel qu’est devenu Lusaka.
La ville est jonchée de détritus qu’on laisse pourrir à l'angle des rues.
Parfois pour réduire l’amoncellement, on met le feu dans les tas de bouteilles plastiques, de bidons, mélangés aux cartons souillés.
Alors se dégage une insupportable odeur de caoutchouc brulé se mêlant aux relents d’urine et de gaz d’échappement.
Sous une chaleur permanente, les Zambiens semblent s’en accommoder!
Notre guest house se trouve située dans la rue qui héberge l’Ambassade du Congo et la représentation du Liban ; dans les profonds caniveaux qui bordent ces deux Ambassades, les ordures fermentent sous les fenêtres des diplomates!
Mais il y a les grands centres commerciaux comme le « Levy Junction »!
Un complexe de commerces qui n’a absolument rien à envier à ce qui se fait de « mieux » en Europe :
Grandes marques internationales, restaurants, fast food, cinémas, salles de fitness.
La jeunesse dorée de Lusaka, fortement occidentalisée, déambule dans de larges espaces climatisés, donnant l’impression de se rendre à la plage.
Le « Levy junction » (Levy, du nom de l’ex-président) nous parait être également un lieu privilégié pour les Blancs en poste à Lusaka, nous n’avons jamais rencontré autant de zumgus que dans ce temple de la consommation.
J’imagine que la vie n’est pas toujours palpitante pour ces expats et qu’il faut bien se faire plaisir!
Par exemple à « pick and pay » le « carrefour » de Lusaka on peut s’offrir « Moët et Chandon » ou « La veuve Cliquot ».
Le seul bémol dans ces grands centres, c’est que l’EDF locale est souvent défaillante.
Nous l’avons constaté.
Alors ça coince pour ouvrir les rideaux électriques, l’informatique est suspendu, le travail s’arrête ou parfois ne peut pas débuter.
Le Chômage est endémique dans cette ville, comme dans le reste du pays d’ailleurs.
Sur des terre-pleins aux carrefours importants, se rassemblent tôt le matin les ouvriers à la recherche d’un boulot à la journée. Le donneur d’ordre décide qui mangera à sa faim le soir!
A Lusaka, les Zambiens passent des heures à laver, briller et lustrer les superbes 4X4 ou grosses berlines des riches.
On cire même les pneus!
Avoir une rutilante voiture semble incontestablement être indispensable dans cette ville, quitte à la faire rouler au milieu des immondices.
Il nous fallait nous rendre à l’Ambassade du Mozambique, la visite a rapidement été écourtée quand on nous a annoncé un délai de cinq jours pour obtenir le visa!
La pièce dans laquelle l’employée nous a reçus nous a presque mis mal à l’aise :
Le bureau semblait être calé par des documents au sol, le panneau de façade était tombé d’un côté donnant à l’ensemble un air design moderne et comique à la fois.
La représentante du Mozambique n’avait ce jour-là que son sourire emprunté à offrir!
Notre visite nous aura toutefois porté chance car elle nous a permis de passer la porte du « Triomphe du dolfin » à quelques pas de l’Ambassade.
La devanture nous a inspiré, nous n’avons pas été déçus :
C’est un très bon restaurant de Lusaka.
Nous avons été chaleureusement accueillis, en Français, notre accent identifiable ne laissant aucun doute sur notre origine :
Le patron, Santosh est Mauricien, son épouse est également Mauricienne…ils prennent du plaisir à parler Français!
Tous les deux ont quitté l’Afrique du Sud pour s’installer en Zambie. (Il y a également un nombre relativement important de Sud-Africains Blancs installés en Zambie, nostalgie, nostalgie ?)
Santhos voulait monter un resto à Ciboure avec un ami Français, les choses ne se sont pas faites.
Un regret semble accompagner son histoire inachevée.
Le couple Mauricien a deux enfants, un garçon qui donne le coup de main dans l’établissement et une fille qui termine ses études en Irlande.
Alors Santhos se plait il bien à Lusaka ?
Et bien oui, il aime cette ville, le grand désordre, la puanteur qui devient intolérable sous la chaleur d’octobre, il sait que ce n’est pas demain que cela va changer!
Mais il a fait sa vie ici, en Zambie!
On devine toutefois l’amertume pointer dans son discours.
Il nous dit les difficultés sans cesse croissantes pour faire des affaires avec l’administration Zambienne, la corruption, les pots de vins pour pouvoir travailler!
Tous les ans le couple part rejoindre Maurice, l’océan Indien leur manque!
Fataliste, il ajoute :
« Nous avons cinquante ans passés, notre vite est faite. Alors on ne sait pas de quoi demain sera fait! »
Nous avons commandé du Red Snaper, un gros rouget en provenance du Mozambique.
Chair délicate, accompagnement délicieux…de la véritable cuisine!
Franchement un grand moment à table!
Certainement l’un de nos meilleurs restaurant depuis que nous sommes en Afrique!
De quoi nous remonter le moral dans cette ville qui nous étouffe!
Nos sacs sont bouclés, demain nous partons pour Chipata à la découverte de l'Est et des grands espaces !
Le South Luangwa National Park nous attend...Nous allons pouvoir respirer!