Le Ranquet en Vadrouille...Carnet de route.

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42, Chili, Santiago, des yeux pour voir, des yeux pour pleurer.

 Chili, Santiago, des yeux pour voir, des yeux pour pleurer.

 

 

 

 

 

 

 

Nos ennemis peuvent couper toutes les fleurs, mais ils ne seront jamais maîtres du printemps.

 

 

Pablo Neruda. (*)

 

 

 

Tout le Chili s’y est attelé !

 

 Du nord au sud du pays, les aiguilles à broder se sont mises en route.

 

 

 

 

 

 

 

 

Chicas y Chicos, adeptes du canevas, ont refusé de baisser les yeux sur les violences policières :

 

 

Garder les yeux grands ouverts pour combattre le « mauvais œil », et donner vie à une grande œuvre textile en hommage aux victimes éborgnées dans la lutte sociale engagée depuis octobre dernier.

 

 

 

 

 

 

 

 

Bien en évidence à l’entrée du Museo de la Memoria y los Derechos Humanos, la toile, qui en met plein la vue, ne compte pas moins de 875 yeux brodés sur sept mètres de long.

 

 

 

 

 

 

 

L’Institut National des Droits de l’Homme, (INDH), comptabilise 350 victimes de lésions et mutilations oculaires directement liées aux violences « policières et militaires » lors d’affrontements urbains survenus ces dernières semaines.

 

 

La toile, création collective, est un assemblage composé de carrés de tissu de 15x15 cm aux yeux brodés.

 

 

Les yeux… Partout dans les rues de Santiago, sur les murs, sur les façades, accrochés aux grilles des parcs ou dans les branches des arbres.

 

 

 

 

 

 

 

Des yeux pour voir comment le Chili pourrait malheureusement renouer avec ses vieux démons ;

 

Des yeux pour témoigner et pleurer sur les journées sombres de ce mois d’octobre, des yeux qui n’oublient pas un passé que les moins de trente ans n’ont pas connu.

 

 

 

 

 

 

 

Le Museo de la Memoria y los Derechos Humanos, superbe édifice de trois étages, rassemble une impressionnante collection d’archives consacrée à la dictature des années Pinochet.

 

 

 

 

 

 

 

Particulièrement émouvants, les témoignages vidéo des survivants(es) des victimes de tortures et viols et les lettres des enfants à leurs parents disparus.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 L’une des plus désarmantes de naïveté, est celle d'une gamine de 9 ans.

 

 

Tendrement innocente, elle écrit à Lucia Pinochet, l’épouse du dictateur, confiante "en son grand cœur ", pour lui demander de l'aider à retrouver son père, arrêté un matin de 1975.

 

 

 La réponse est surréaliste : « Mme Pinochet promet de transmettre la demande à la Dina, la police secrète. »

 

 

 

 

 

 

Parmi les enregistrements audios de l’époque, le dernier message du Président Allende au peuple chilien.

 

 

L’enregistrement  est de bonne qualité et permet de ressentir toute l’émotion d’un homme en responsabilité pour son pays qui s’apprête à disparaître.

 

 

 

Au cœur du message, la défense du peuple Chilien et de sa Démocratie.

 

 

Le 11 septembre 1973, les militaires putschistes encerclent le palais Présidentiel « La Monéda ».

 

 

 Les intenses bombardements aériens provoquent l’incendie du bâtiment.

 

 

 

 

 

 

 

Salvador Allende, isolé dans "La Monéda", refuse de se plier à l’ordre de Pinochet qui lui impose le chemin de l’exil à bord d’un avion militaire.

 

 

 

 

 

 

 

L’antenne de Radio Magallanes est sur le point d’être coupée, le Président s’adresse une dernière fois au peuple Chilien.

 

 

Extraits :

 

 

 « Ils vont sûrement faire taire Radio Magallanes et vous ne pourrez plus entendre le son de ma voix. Peu importe, vous continuerez à m’écouter, je serai toujours près de vous, vous aurez au moins le souvenir d’un homme digne qui fut loyal avec la patrie. Le peuple doit se défendre et non pas se sacrifier, il ne doit pas se laisser exterminer et humilier. Allez de l’avant, sachant que bientôt s’ouvriront de grandes avenues où passera l’homme libre pour construire une société meilleure ».

 

 

 

 

Ci dessous, dernier cliché de Salvador Allende vivant, photo prise le 11 septembre 1973 par Luis Orlando lagos Vasquez :

 

 

 

Le Président, entouré de carabiniers loyaux, observe les avions putchistes survolant la Moneda et le centre de Santiago.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le musée consacre également une attention aux exilés du monde et aux apatrides.

 

 

 

 

 

 

 

Une exposition temporaire est dédiée en ce moment à la communauté Haïtienne, importante au Chili.

 

 

 

 

 

 

 

Le Museo de la Memoria y los Derechos Humanos résonne comme une véritable gifle au fascisme des années Pinochet et prend aujourd’hui un caractère particulièrement retentissant dans une capitale qui a vu revenir dans les avenues les blindés et les militaires.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Santiago est sous tension:

 

 

 

 

 

 

 

 

Les grandes artères commerçantes de la capitale ne laissent rien deviner de cet avenir incertain ;

 

Santiago respire comme d’habitude. Peut-être retient-elle son souffle.  

 

 

 

 

 

 

 

Nous quittons un moment el centro pour le Barrio Bellavista, le quartier qui ne dort jamais semble-t-il.

 

 

 

 

 

 

Le matin, c’est très calme,

 

 

 

 

 

 

c’est le bon moment pour doucement arquer vers la « Chascona » au pied du Cerro San Cristobal.

 

 

 

La « Chascona », une des maisons de Pablo Neruda.

 

 

 

 

 

 

 Un peu plus qu’une simple demeure, c’est une retraite pour abriter ses amours avec Mathilde.

 

 

 

 

 

 

 

 

 Pablo Neruda baptisa ce refuge la « Chascona », l’ébouriffée, en référence à la chevelure en désordre de Mathilde, une femme libre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le poète, écrivain, diplomate, penseur et génie des lettres meurt officiellement d’un cancer à la clinique Santa Maria, douze jours après le coup d’état du 11 septembre 1973.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La suspicion d’assassinat n’est toujours pas écartée.

 

 

C’est dans une « Chascona » totalement mise à sac aux lendemains du coup d’état que Mathilde, entourée de proches, veillera le corps de Pablo Neruda parti rejoindre le paradis des poètes :

 

 

La visite se fait presque religieusement.

 

 

(photos interdites en intérieur, on peut prendre quelques clichés portes ouvertes sur l'extérieur.)

 

 

 

 

 

 

 

La fundacion Neruda a œuvré pour la réhabilitation de la « Chascona », mais de nombreux objets ont disparu durant les actes de vandalisme perpétrés par les partisans de la junte militaire.

 

 

 

 

L’inhumation du poète   sera le premier acte de désobéissance civile face au nouveau pouvoir.

 

 

Un immense cortège accompagnera celui qui dans ses écrits et ses prises de position devint insupportable aux yeux des dictateurs.

 

 

 

« J'ai construit ma maison comme un jouet et j'y joue du matin au soir. »

 

 

 Pablo Neruda (*)

 

 

 

(*): Voir actualisation concernant Pablo Neruda en fin d'article 45:

 

 

"Valparaiso, vue sur mer et du haut des cimetières"



28/02/2020
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