Colombie 21, Dans le ventre de la selva, la "Ciudad Perdida"
Colombie 21,
Dans le ventre de la selva, la « Ciudad Perdida » .
Quatre jours de trek sur les traces des Indiens Taironas.
Pas très tôt, on ouvre l'oeil.
Il faut remettre les pieds sur terre.
Quitter les songes.
Doucement, sur une piste cahoteuse nous nous éloignons des brises de la Magdalena.
À Mompox, on prend le temps d’achever ses rêves, la grosse bourgade ne se secoue guère avant neuf heures.
Nous faisons route vers la côte Caraïbe pour rallier Santa Marta qui passe pour être la plus ancienne ville "espagnole" d’Amérique du Sud.
On ne dit pas grand-chose de bon sur Santa Marta :
Une ville brouillonne, peu engageante, un bord de mer dévoré par les immeubles posés là comme dans l’urgence, des pétroliers et méthaniers qui barrent l’horizon, et, si on veut être un brin agréable avec la ville qui vit Simon Bolivar lever ses baskets après avoir permis à six pays d’Amérique latine d’accéder à l’indépendance, disons que le centre historique, dont on fait vite le tour, justifie un bref passage !
Mais comme partout en Colombie, sourires et gentillesse vous souhaitent la bienvenue apaisant une déconvenue attendue.
Pour éviter la chaleur de cette ville congestionnée, une belle visite nous surprendra dans une ancienne hacienda, la Quinta de San Pedro.
Comme par miracle, en périphérie d’un trop grand tumulte, cette splendide propriété qui laisse gambader librement les iguanes dans le parc, célèbre la mémoire del Gran liberator :
Ici Simon Bolivar a pris (presque) les dimensions du mémorial de Thomas Jefferson à Washington !
Mais nous ne venons pas au hasard dans cette canicule Caribéenne, nous sommes là pour pousser la porte de l’une des agences qui vend le trek de la Ciudad Perdida.
« La Colombie possède l’un des héritages indigènes les plus variés au monde. Il est constitué d’un éventail de cultures, de langues, de structures sociales et de modes de vie.
Selon le recensement de 2005, environ 1,4 millions de personnes indigènes vivent en Colombie, soit approximativement 3,4% de la population totale du pays.
Le conflit armé qui déchire la Colombie depuis de nombreuses années a des répercussions importantes et destructrices sur les membres des populations indigènes.
Ils ont été tués, harcelés et chassés de leurs terres par toutes les parties au conflit.
Toutes les parties au conflit se sont rendues coupables de ces atteintes. Bien que déterminés à ne pas se laisser entraîner dans les hostilités, les indigènes sont de plus en plus souvent en butte à des menaces. »
Source : Amnesty Internationale 2012
Une fois de plus, les pilleurs auraient eu quelques longueurs d’avance!
L’appât du gain, les fantasmes les plus fous qui font enfler les têtes, la convoitise démesurée d’un supposé inestimable trésor ont eu raison de « quatre cents ans de solitude ».
La cité, prisonnière (protégée par ?) d’une épaisse jungle, tombée dans un profond coma depuis quatre siècles, émergea de la selva quand les brigands crapahuteurs « découvrir » the lost city en 1975!
Puis débarquèrent les archéologues.
Civilisation oubliée depuis des siècles, chassée de la mémoire des hommes ?
Ou secret bien gardé par les communautés Indiennes qui vénèrent ce qu’elles considèrent comme un site sacré, symbole de leur culture et du profond respect de la Terre Mère. (Pachamama)
Rideaux de palmiers, hautes fougères, lianes tombantes de troncs d’arbres gigantesques, puissantes racines dessinant les sentiers, omniprésence de l’eau, cascades, rios aux eaux d’une limpidité rarement vue, c’est dans ce fabuleux décor encadré des massifs de la Sierra Nevada que les Taironas entreprirent bien avant l’édification du Machu pichu au Pérou, l’audacieuse construction de terrasses reliées entre elles par de vertigineux escaliers accrochés aux flancs de la montagne sacrée.
Autrefois, sur chaque terrasse s’érigeaient les maisons de bois du peuple Tairona.
On y accède au matin du troisième jour de trek.
Asseyez-vous un moment, reprenez votre souffle, épongez-vous et contemplez :
L’antique cité des Taironas, mise à sac par les conquistadors porteurs des messages de « pacification » du roi d’Espagne, s’étend devant vous dans les murmures de la forêt tropicale.
En 1541, l’évêque de santa Marta fit parvenir au souverain espagnol ce bref message :
« Votre majesté saura clairement qu’en ces parages il n’y a pas de chrétiens mais des démons, ni de serviteurs de Dieu et du Roi, mais des traîtres à leur loi et à leur Roi »
La Ciudad Perdida pratique :
Quatre agences basées à Santa Marta et Taganga se partagent le marché du trek de la « Ciudad Perdida ».
Il n’est pas possible de faire le trek par ses propres moyens, ni de louer les services d’un guide indépendant.
Le prix, fixé par le gouvernement Colombien est de 850 000 pesos par personne, environ 230/240 Euros.
(cour du pesos en vigueur en Mars 2017)
Le paiement en carte bancaire est soumis à une charge additionnelle de 5%.
vous pouvez négocier cet « impuesto », dans notre cas l’agence a accepté le paiement par CB sans frais.
Le prix comprend le transport, la nourriture, l’hébergement.
Pour le même prix, plusieurs versions sont possibles :
4, 5 ou 6 jours en fonction de la condition physique de chacun. C’est la formule de 4 jours qui en principe convient le mieux (3nuits, 4 jours)
Vous pouvez opter pour le nombre de journées en cours de trek.
Tenter d’effectuer le trek en 3 jours (2 nuits/ 3 jours) n’entraine pas une baisse de tarif mais aboutit certainement à une forme d’épuisement !
En principe les guides ne l’acceptent pas risquant eux même une pénalisation sur leur accréditation.
Ne pas perdre de vue que le parcours est tracé sur un territoire Indigène (Terra Indigena) et impose donc une forme de respect lors des rencontres avec les populations indiennes qui « acceptent » moyennant rétribution du gouvernement, l’utilisation de leurs sentiers .
Les montagnes de la Sierra Nevada sont sacrées et le site même des terrasses demeure un lieu de purification pour les Amérindiens.
Trois communautés sont présentes dans le parc, les Kogis, les Wiwas, les Arhuacos, toutes descendantes des Taironas, l'un des peuples précolombiens les moins étudiés et pourtant l'un des plus fascinants.
La nourriture est copieuse, c’est un régime pour randonneur !
Sucres lents bienvenus :
Riz, lentilles, haricots rouges, pâtes, soupes, pain…Œufs, poissons et viandes, fruits…
Repas végétariens à la demande. Jus de fruits naturels, café, chocolat, thé, eau purifiée.
En cours d’étape (en haut des bosses en général !) des points de ravitaillement sont prévus :
Pastèque, tranches d’ananas, oranges, bananes, friandises…
Le rendez-vous se fait à l’agence vers 9 H, puis chargement du 4X4 en victuailles, rapide présentation des participants, 2 h de route plus tard vous débarquez au village d’El Mamey où débute la marche.
La première journée est courte mais difficile, le départ s’effectuant après le repas du midi en pleine chaleur tropicale humide:
Environ 4 heures de marche dont une belle ascension.
Les jours 2, 3 et 4, réveil à cinq heures, petit déjeuner généreux à 5H 30 et en route à 6 h 00 au lever du jour.
6 à 8 heures de marche incluant les temps de pose (repas)
La priorité est donnée à l’effort matinal avant que les pluies ne déboulent en après-midi, à l’heure où la majorité des marcheurs doivent être de retour au camp pour passer la nuit.
Hébergements sommaires, lits ou hamacs et moustiquaires.
C’est un trek qualifié de « moyennement difficile » à « difficile » :
Les conditions météo peuvent considérablement alourdir l’aventure.
Une bonne condition physique est nécessaire, mais la randonnée reste accessible à un grand nombre de personnes ; Il faut se préparer à mouiller le maillot très vite, inutile de prévoir un vêtement de pluie, avant que les premières gouttes ne tombent vous serez déjà trempé de sueur !
Nombreuses piscines naturelles formées par les rios à proximité du sentier :
C’est la meilleure façon de se laver, sans savon, sans shampoing, dans des eaux d’une grande pureté.
Dans notre cas du 17 au 21 Mars 2017 :
Pas ou peu de pluie, sentiers en bon état, peu de boue, terrain glissant par endroit, dalles de pierre humide à négocier.
Depuis peu, l’accès à la « Ciudad Perdida » est contingenté, 120 marcheurs maximum par jour sur le site des terrasses ;
Nous avons eu la chance d’être dans un petit groupe (cinq personnes, c’est peu).
Certaines agences partent avec des files indiennes (sans jeu de mots !) d’une vingtaine de personnes, ça tourne un peu à la kermesse.
Les différents groupes se retrouvent sur les lieux de campements, ambiance étudiante, moyenne d’âge 25/30 ans, autant dire qu’avec notre soixantaine dépassée on prend un bon coup de jeune !
Quelques anciens se risquent à l’aventure et en général s’en sortent parfaitement, mieux parfois que certains jeunes poulains qui gèrent maladroitement la dépense énergétique.
C’est toujours la montagne qui a le dernier mot !
Prévoir protection solaire, bandana ou casquette, anti moustique, sacs plastiques hermétiques pour appareil photos et objets de valeur (plusieurs passages de rivières), lampe frontale, bouteille d’eau (1,5 litre), médocs habituels.
Chaussures de rando et bâtons (utiles), tongs pour le soir.
Le trek se fait autant pour la beauté d’un trajet fascinant que pour la destination finale où on passe 2 à 3 heures sur le site même.
Il ne s’agit pas d’une boucle, mais d’un aller et retour.
Comme vous effectuez la partie retour à une heure différente de la journée, vous découvrez à nouveau un site éblouissant sans jamais vous en lasser !
Au pied de l’escalier de 1200 marches de pierre posées il y a plus de 1000 ans, il vous restera à gravir la pente abrupte qui mène aux premières terrasses.
là-haut, savourer le moment, vous l’avez bien gagné !
il ne reste que le retour à boucler !
Les guides papiers annoncent en général un total de 40 km, en fait le trek est plus proche des 5O km ( 48, 8)
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