Egypte 12, Pour les yeux d'Hathor...retour à Louxor!
Egypte 12, Pour les yeux d’Hathor…retour à Louxor !
« ... Les enfants de Louxor ont quatre millénaires, Ils dansent sur les murs et toujours de profil, mais savent sans effort se dégager des pierres, à l’heure où le soleil se couche sur le Nil. »
Bernard Dimey
Nous quittons la mer Rouge pour à nouveau rejoindre le Nil…Pour les yeux d’Hathor et autres petits plaisirs nous sommes de retour à Louxor.
Deux temples majeurs de l’Histoire de l’ancienne Egypte, Abydos et Dendérah, valent la peine d’un déplacement en « moyenne Egypte », une zone pas encore totalement « ouverte » aux touristes et qui nécessite des autorisations.
Il faut tout d’abord dénicher un chauffeur qui se chargera des formalités auprès de la police locale, puis négocier le prix de ce déplacement éloigné de 170 km à 250 km au nord de Louxor, le long du Nil.
Kilométrage assez élastique, mais pourquoi pas !
C’est Mohamed, (encore un, ils sont très nombreux à porter le prénom du prophète !), qui nous embarquera au lever du soleil vers les sites sacrés d’Osiris et d’Hathor.
Lors de nos déplacements à vélo, sur la rive ouest, nous avions rencontré l’Egyptien du « west bank » ; Mohamed a son point d’ancrage à proximité du « ticket office » qui donne accès aux différentes nécropoles.
Mohamed ne met jamais la pression, il ne propose pas ses services d’entrée de jeu, il discute en s’exprimant dans un français correcte, renseigne courtoisement, donne de bons conseils et te dit :
« À demain, si tu as besoin de quelque chose je suis toujours là…tiens, voilà mon numéro de téléphone ! »
Mohamed est habile, il sait comment fonctionnent les touristes qui bien souvent s’agacent des innombrables propositions trop insistantes des « guides en tout genre » !
On conclura le marché en bonne intelligence, rendez-vous à six heures au débarcadère du traversier.
Nous emprunterons la route du désert pour remonter vers le nord en direction d’Abydos :
Nombreux « check points » sur cet itinéraire mais qui s’avère beaucoup moins encombré et plus rapide que la route classique de la rive Est du Nil.
Ce nouveau tracé, décor montagneux magnifique sous un ciel bleu enjôleur, est un véritable parcours au cœur d’une décharge géante :
Il démontre malheureusement la totale incapacité du pays à s’atteler à une réelle politique de gestion des déchets.
Sur des kilomètres, de chaque côté de la route, des amoncellements d’ordures (y compris des cadavres d’animaux) sont déversés dans le désert !
Le désastre est identique en bordure des canaux d’irrigation en provenance du Nil qui alimentent les surfaces agricoles.
Ce n’est plus un problème, c’est devenu un fléau :
Comment contenir ce flot d’ordures ?
Les quatre piliers de l’histoire de l’Egypte demeurent bien vivants :
Agriculture, commerce, spiritualité…et l’eau.
Essentiel à la vie des égyptiens, le Nil a non seulement fourni de la nourriture et un moyen de déplacement, mais il a également rendu possible l’agriculture et le commerce.
Qu’ont-ils fait du Nil ces égyptiens modernes ?
Il n’est pas de bon ton d’apporter la moindre critique sur cette catastrophe environnementale en cours :
La chanteuse de pop égyptienne Sherine Abdel Wahab a été condamnée mardi 27 février à six mois de prison pour avoir dénigré le Nil en plaisantant sur la qualité de son eau et en lançant à la cantonade « Bois de l'Evian, c'est mieux! »
« touche pas à mon Nil » pourrait être le credo des autorités !
On ne dénigre pas impunément le symbole de l’Egypte éternelle !
Le tribunal du Caire a reconnu la star coupable d’avoir "diffusé de fausses informations" et "troublé l'ordre public".
La chanteuse, très populaire dans le monde arabe a fait appel de la décision du tribunal :
Résultat des courses courant mars, avant les élections.
( Actualisation en fin d'article )
Le Nil reste un sujet sensible en Egypte, le pays craignant pour son approvisionnement en eau depuis la construction par l'Ethiopie du grand barrage de « la renaissance ».
Les discussions entre les deux pays piétinent. Le Soudan a également son mot à dire!
Il nous faudra un peu moins de quatre heures pour rejoindre Abydos et son temple dédié au grand Pharaon Sethi 1er :
Magnifiques bas-reliefs ciselés sur la pierre calcaire, préservation des couleurs parmi les plus spectaculaires de l’Egypte antique , modelés délicats des déesses aux postures élégantes et imposantes salles hypostyles soutenues par des rangées serrées de colonnes de huit mètres de haut.
Ici c’est du grand Art !
La légende prétend que la tête décapitée d’Osiris reposerait quelque part dans le temple.
Nous n’avons pas le temps d’entamer les recherches, il nous faut rallier Dendérah et le temple d’Hathor, autre étape d’exception dans la vallée du Nil.
Nous effectuerons ce trajet en convoi, encadré par deux pick- up trimballant six policiers chacun, canons des armes automatiques dépassant des bâches:
C’est la règle semble-t-il.
L’escorte nous lâchera à Qena, secteur sécurisé pour l’activité touristique.
Bienvenue dans le sanctuaire de l’amour et de la joie !
Dédié à la déesse Hathor, que les Grecs rebaptiseront Aphrodite, ce temple fut mis à jour par les soldats de Bonaparte…
En clair nous sommes un peu chez nous sous la forêt de colonnes surmontées du visage de la déesse !
C’est l’un des temples les mieux conservés de toute l’Egypte.
Bâti en grès et calcaire, sa construction date du 1er siècle avant JC. Le temple possède encore son enceinte de briques en terre crues, son toit plat, ses cryptes et toutes ses colonnes.
Mais les Coptes qui n’appréciaient pas trop l’idée du plaisir et de l’amour sont passés par là :
Ils se sont acharnés à marteler les représentations du visage de la déesse, détruisant Hathor (…et à travers…facile !) endommageant durablement les chapiteaux des colonnes. Dommage.
Au plafond d’une salle, le visage triste d’Hathor, miraculeusement épargné du carnage des marteaux, regarde le visiteur d’un air désolé.
Le temple est une nouvelle fois splendide !
Éloignés des circuits classiques, Abydos comme Dendérah ne rassemblent pas de nombreux visiteurs :
Délicieuse tranquillité dans la découverte de ses deux temples.
Retour en soirée à Louxor, Mohamed satisfait de sa journée et nous avec, nous proposera une halte chez lui, tradition du thé oblige.
Un bel accueil en famille. Son épouse, discrète, ne souhaitait pas être sur la photo.
Nous avons pris goût au thé, et avant de quitter Louxor, un thé à l’anglaise servi dans la grande tradition aristocratique nous tentait :
Le choix est simple, il suffit de gravir la volée de marches du Winter Palace et succomber au charme du style colonial, du raffinement des boiseries, de l'élégance et de l'harmonie de l'ensemble.
Nous avons craint le trop commun de la cérémonie du « tea time » et nous nous sommes ravisés en optant pour un cocktail et un café « Howard Carter » aromatisé à la cardamome et au Bourbon…Avec quelques encas en accompagnement.
Flânerie dans les couloirs et salons de cette résidence de luxe vieillissante mais au charme certain.
Ballade dans les jardins reposants…On les dirait climatisés ! Une certaine idée du Luxe !
Construit à Louxor en 1886 dans un jardin tropical sur les berges du Nil, le Winter Palace envoute encore.
Les grands de la planète se sont succédé comme en témoignent les photos qui jalonnent le couloir menant au Victoria Lounge.
On y reconnait un petit Président français au bras d’une grande Carlita…
Nous avons peut être posé nos fesses dans les mêmes fauteuils club que ces deux-là !
Bon, d’accord…Nous ne sommes pas encore en photo dans le couloir du Winter Palace !
Epilogue du jugement concernant Sherine Abdel Wahab:
"Populaire dans le monde arabe, cette chanteuse avait écopée une peine de 6 mois d'emprisonnement, la cour d'appel l'a finalement acquittée en invoquant des "vices de forme" lors du jugement de première instance"
Source: "L'Express" du 08/05/2018
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