Le Ranquet en Vadrouille...Carnet de route.

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Ethiopie 14, La dépression du Danakil.

Éthiopie 14, La dépression du Danakil.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« La dépression du Danakil », ça pourrait faire le titre d’un  bon polar !

 

 

En fait, on parle ici de dépression pour évoquer l’effondrement d’un vaste plateau provoqué  par le soulèvement de la  chaîne volcanique qui s’étire dans l’Afar sur une centaine de kilomètres.

 

 

 

Autrefois noyé par la Mer Rouge, le Danakil devenu désert offre des paysages extraordinaires à près de 140 mètres au-dessous du niveau de la mer.

 

Températures extrêmes, certaines zones du Danakil peuvent  dépasser les 50° !

 

Un des endroits les plus chauds de la planète !

 

 

Bienvenue en dépression…Attention au coup de bambou !

 

 

Sur la route du lac Assalé :

 

 

Elle apparaît tremblante à travers les vapeurs ondulantes qui s’échappent des pierres surchauffées.

 

On la voit de loin…

 

 

 

 

 

 

 

Lente progression en file indienne insensible au  soleil blanc qui écrase ce désert de galets.

 

 

 

 

 

 

 

 

Lui, il marche devant, un long bâton  sur les épaules où il repose ses avant-bras à la manière d’un Christ sur la croix.

 

Mais son dieu c’est le Prophète, il est Afar, musulman, il a la peau noire, c’est le chamelier.

 

 

 

 

 

 

 

Elle se rapproche. Long chapelet articulé obéissant au pas cadencé.

 

Nous la distinguons mieux:

 

La caravane, majestueuse,  avance. Silencieuse.

 

 

 

Bientôt elle atteindra la mine de sel.

 

 

 

 

 

 

 

 

Le chamelier s’inclinera sur la surface blanche étincelante dans le soleil couchant.

 

 

C’est l’heure de la prière, il remerciera Allah d’avoir béni sa longue marche.

 

 

 

 

 

 

La caravane marque le pas.

 

 

Un à un les dromadaires se plient et se couchent sur ce désert blanc.

 

 

Les Afars,  peuple du vent, nomades, perpétuent la tradition du  commerce du sel depuis des siècles.

 

 

 

Ces caravanes, alliant noblesse et humilité, prenaient déjà la route du lac Assalé à l’époque de la reine de Saba.

 

 

Demain, chargée de blocs de sel, la caravane lèvera le camp.

 

 

 

 

 

 

 

Le chamelier, bâton sur les épaules, ouvrira la lente marche des dromadaires ;

 

Il saluera les forçats du sel, ces anonymes qui inlassablement taillent les blocs pour le marché de Berahile.

 

 

 

 

 

 

 

Siècles après siècles le spectacle perdure…

 

 

Pour combien de temps encore ?

 

 

 

L’envers du décor :

 

 

C’est le  cœur du Danakil.

 

 

Le lac Assalé s’évapore en laissant une offrande :

 

Le sel !

 

 Immense blancheur étincelante, le sel,  ce véritable trésor  que  contrôle la minorité musulmane  Afar.

 

 

 

Dans une Éthiopie majoritairement chrétienne, les Afars imposent leurs règles d’accès menant au Danakil et exercent un monopole sur le gisement blanc.

 

 

Pas de faune, ni végétation, ni eau potable…Un enfer blanc !

 

 

 

 

 

 

 

 

Pourtant, des centaines de galériens s’activent et s’échinent à découper l’or blanc :

 

 

 

Un sel  précieux qui justifie l’univers impitoyable de ces forçats qui, pour une poignée de Birr, y laissent leur santé !

 

 

 

Outils rudimentaires, soleil accablant, blessures aux mains jamais cicatrisées, ces mercenaires de la mine s’épuisent à entailler la couche de sel à l’aide de pieux pour soulever des plaques qui ensuite seront transformées en blocs uniformes.

 

 

 

 

 

 

 

Les dromadaires savent patienter; Ils lèveront leurs carcasses, et, sur leurs flancs, bien équilibrés, pas moins de 120 kg de blocs de sel.

 

 

 

 

 

 

 

 

Quand le soleil décline, la caravane fait halte :

 

 

Moment de repos pour les hommes mais aussi pour les bêtes.

 

 

C’est  l’heure du  partage du repas.

 

Les dromadaires, capital inestimable dans ce désert, sont servis les premiers,  les caravaniers  ne s’y trompent pas !

 

 

 

 

 

 

 

La nuit sera courte, la caravane profite de la relative fraicheur de l’aube pour parvenir au village de Berahile  avant qu’une nouvelle nuit  se dessine.

 

 

 

 

 

 

 

 

Depuis peu, caravaniers et bagnards du sel n’ont pas l’esprit serein.

 

 

Le gouvernement éthiopien veut désenclaver la région.

 

On construit des routes.

 

 

Pour rallier Mékélé et son marché,  sur des sentiers caillouteux, Il fallait quatre jours aux caravanes.

 

Maintenant le trajet s’achève à Berahile et les camions prennent le relais.

 

 

Le sel intéresse des investisseurs !

 

 

Une société a mis en place une station de pompage qui puise l’eau du lac à destination de bassins d’évaporation.

 

Le sel ainsi récolté serait de meilleur qualité que celui issue des briques  qu’on charge sur les bêtes.

 

 

La récolte traditionnelle aurait du plomb dans l’aile.

 

La modernité risque de bousculer sérieusement les caravanes de sel.

 

 

Une amélioration des conditions de vie et de travail pourrait être espérée,  et ce serait évidemment souhaitable.

 

 

Mais derrière ces changements se profile un abandon de la tradition pour une population qui n’a rien à cultiver, rien d’autre que le sel de la terre !

 

En attendant, nous dormons dans le Danakil sous les étoiles !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



16/12/2017
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