Nicaragua 2, Plus au nord, Esteli et la culture du tabac...
Nicaragua 2,
Plus au nord, Esteli et la culture du tabac…
Située dans la cordillère du nord à huit cents mètres d’altitude, la troisième ville du pays n’attire pas encore les foules.
Pourtant Esteli possède bien des atouts pour embarquer les visiteurs quelques jours.
L’environnement montagneux préservé apporte la fraîcheur attendue, ici on s’aère.
Les verdoyantes collines qui cabossent l’horizon à n’en plus finir, ceinturent les plantations de tabac.
À cheval, panama sur la tête, quelques vaqueros venus de la campagne parcourent les rues de la ville lui donnant un côté « far-west » du nord !
La lecture de certains récits de voyageurs pourrait décourager la visite d’Esteli.
Traversée par la Panaméricaine, la ville voit passer sans discontinuer les camiones, gros mastodontes du fret qui avalent le bitume du nord au sud du gigantesque continent Américain.
Les fast food et stations d'essence qui se tassent le long du ruban bleu ne sont pas de nature à embellir cette artère tumultueuse, mais on ne vient pas dans la capitale du cigare « nica » pour voir les poids lourds défiler.
La ville s’est développée de façon anarchique, la proximité de la frontière du Honduras en fait un carrefour incontournable sur la route de Managua et du sud de l’Amérique centrale.
Esteli s’inscrit dans l’histoire du Nicaragua comme un bastion de résistance à la dictature de la famille Somoza.
Au cœur du mouvement « Sandiniste », haut lieu du combat contre les « contras » durant les années quatre-vingt, la ville et ses habitants auront à subir une autre violence, la furie de l’ouragan Mitch en 1998 qui endommagea sérieusement la région.
L’acharnement du sort sur cette population laborieuse, leur a rendu la couenne épaisse dit-on!
l’accueil y est chaleureux, on se sent bien dans ce pays de résistance !
La paix retrouvée, Esteli mérite qu’on s’y attarde pour profiter de programmes développés en association avec des ONG.
C’est ainsi qu’une curiosité géologique sert de tremplin pour le développement de projets communautaires :
La fréquentation du « trek » aquatique du canyon de Somoto aide à financer la scolarisation des enfants, à la mise en place de Bibliobus et apporte des revenus supplémentaires aux familles qui habitent le lieu devenu « Monumento Nacional ».
Deux heures de route de bus depuis Esteli et nous arrivons à proximité immédiate de la frontière du Honduras, c’est là que débute le trek dans le canyon de Somoto.
Le grand tour, ce que nous avons choisi, dure de cinq à six heures incluant un repas à la fin du circuit.
En compagnie d’un guide local, nous alternons marche en forêt, descente à la rivière, progression dans le cours d’eau en nageant, retour sur les roches polies, plongeons dans les piscines naturelles creusées par le rio Coco, casse-croûte sur les plages de galets roulés et à nouveau descente du rio en nageant…
Le tout dans un décor de western d’un profond canyon aux parois qui atteignent entre 120 et 150 mètres de hauteur.
Gilets obligatoires, le guide trimbale au sec dans un sac étanche, les appareils photos et les « vivres ».
C’est un fabuleux parcours, assez épuisant mais le paysage est grandiose !
Incontournable dans la région d’Esteli, c’est évidemment la visite d’une « fabrica de puros ».
« TreeHuggers », association locale, développe un « tourisme responsable » en organisant des visites de « A » à « Z » du processus de fabrication des cigares « Nica » ;
Les revenus sont destinés à des programmes sociaux.
Le terroir perché en altitude moyenne de la région a séduit des Cubains peu emballés par la rébellion Castriste de la fin des années cinquante.
Ceux-là décidèrent de fumer « el puro » loin des cendres encore chaudes de la révolution Cubaine.
Les Cubains du « Nica » sont à la tête des fabriques de cigares.
Forts de leur expérience et de leur savoir faire, ils produisent un cigare de renommée mondiale, généralement moins cher que le « Havana ».
Visite passionnante au cœur de la production du tabac qui reste un des rares pourvoyeurs d’emplois dans la région.
Mais le tourisme est en marche, alors Esteli se plait à rêver d’un avenir meilleur.
La ville, qui n’a guère de monuments remarquables, a cédé ses murs de briques et de parpaings parfois mal fagotés aux muralistas.
Une façon de mettre en couleur une vie de combat et d’adversité qui a marqué le passé récent de ce foyer « Sandiniste ».
Le soir les bars s'animent :
On gratte la guitare et "Che Commandante" prend alors l'accent de la province du nord!
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