Nicaragua 3, quand les volcans s'éveillent...
Nicaragua 3,
Quand les volcans s’éveillent !
Les cordillères du nord ne sont pas aussi fréquentées que le littoral Pacifique, mais cette verte région montagneuse, qui peine à attirer les visiteurs, aime à rappeler que les collines (cerros) offrent des endroits de tranquillité propice à la halte sur la route qui mène au sud.
Nous ferons donc une pause au cœur des plantations de café à Matagalpa.
Le département de Matagalpa est considéré comme le véritable grenier du pays :
Si la culture du café demeure la principale activité commerciale, le climat permet aussi d’importantes productions de maïs, de riz et de légumes.
L’élevage n’est pas en reste, les bâtiments de fermes façonnent l’horizon des basses plaines où le bétail pâture en toute quiétude à proximité des rizières.
L’horticulture complète ce tableau d’activités agricoles, rare secteur offrant la majorité des emplois de la région.
L’envers du décor :
Le Nicaragua est le deuxième pays le plus pauvre d’Amérique Centrale après Haïti.
80% des Nicaraguayens vivent de petits boulots.
la majorité des habitants doivent se débrouiller avec moins de deux dollars par jour.
Ortega, le président que l’on nomme ici de son prénom « Daniel » a fait le grand écart avec les principes socialistes du « Sandinisme ».
Le pays comme beaucoup d’Etats de la région est gangréné par la corruption et malheureusement, en terme de scolarité, l'éducation patine.
Même si l’alphabétisation a fait un réel progrès ces dernières années, la plupart des gamins ne continuent pas l’école après douze ans faute du manque de moyen financier des familles.
Matagalpa surnommée « La perle du nord » ne laisse pas de souvenirs impérissables, mais l’endroit est paisible.
Les commerces préparent Noël, les places s’affairent autour de crèches en construction bientôt prêtes pour les célébrations de la « Navidad ».
La ville encaissée dans une vallée est dominée par « la Cruz de la Paz », une croix gigantesque avec à son pied la Vierge Marie qui semble porter son regard vers la blanche cathédrale de la cité.
Pour y accéder un véritable chemin de croix nous attend, douze stations fidèlement reproduites jalonnent un sendero rocailleux au fort dénivelé qui accroche la colline pentue.
Là-haut, l’immense crucifix de tôle inesthétique, sentinelle inamovible, procure l’ombre bienfaisante pour reprendre son souffle.
Beau point de vue sur l’environnement de Matagalpa :
Bleutée par la brume, soulignant l'horizon, la chaine des volcans et le Télica qui laisse échapper des fumeroles depuis quelques jours.
Un frémissement tellurique secoue en ce moment les berges du lac Managua.
Culminant à 1297 mètres d’altitude, le volcan Momotombo, est entré en éruption ce mercredi 2 décembre.
Il ronfle depuis cent dix ans et c’est la première fois qu’il est de nouveau en activité depuis 1905.
L’occasion est inespérée pour faire un tour, à distance respectable de ses pentes, et observer le géant lâcher la lave rouge.
Nous réagirons un jour trop tard, il aurait fallu être présent le jeudi(*) et nous sommes arrivés au crépuscule du vendredi.
Nous n’aurons pas droit à la vigoureuse éruption produisant une impressionnante fontaine de lave.
Nous manquerons ce fabuleux spectacle !
Le Momotombo assurera un bouquet final quand même intéressant en faisant rouler du magma incandescent dans le couloir identique à la coulée e 1905.
Le clou de notre soirée fut sans aucun doute la rencontre avec Alain Creusot, volcanologue et ancien partenaire d’Haroun Tazieff.
Présent à nos côté pour observer les derniers balbutiements du volcan, le vieil homme demeurant au Nicaragua depuis plus de trente ans, a gardé sa passion intacte pour l’énergie bouillonnante des entrailles de la terre.
Nous aurons droit à une passionnante « conférence » privée sur l’activité sismique de l’Amérique centrale.
Alain Creusot conclura :
« Depuis 1905, le Momotombo avait grondé occasionnellement comme en 2003 et en 2011, avec de petits essaims sismiques qui suggéraient alors un déplacement du magma dans le volcan.
Cette éruption pourrait alors être la conclusion de plus d’une décennie d’amorçage dans le système magmatique.
Semaine agitée en Amérique Centrale avec, au Guatemala, deux éruptions modérées des volcans Fuego et Santiaguito. »
Pour la petite histoire, deux équipes de télé étaient sur place, Canal Quatro et Canal 19:
Nous avons eu le « privilège » de l’interview, un exercice marrant dans un espagnol hésitant et approximatif.
Au retour, nous traverserons Managua de nuit en direction de Granada notre prochaine étape au pays des lacs et des volcans !
Alain Creusot prétend que la véritable épée de Damoclès est sur la tête de la très touristique Granada :
La ville coloniale tournée vers le tourisme, et des autorités gouvernementales négligentes, ne voudraient rien savoir des mises en garde des scientifiques qui annoncent une probable éruption du volcan Mombacho dans un délai court.
La priorité serait la préservation de l’activité touristique de la poule aux œufs d’or et surtout de ne pas affoler les investisseurs de tout poil qui, depuis quelques années, s’emparent de la « Grande Sultane ».
Un plan d’évacuation est-il prévu ?
Les hôpitaux de la région ont-ils des moyens adaptés en cas de sinistre?
Autant de questions qui ne semblent pas interpeler le gouvernement Ortega.
Les restaurants et bar de Granada font le plein, c’est bien là l’essentiel dans ce pays qui accueille de plus en plus de touristes avec dans leurs poches la fameuse « Vitamina Verde » !
(*) Les clichés du Momotombo en éruption ont été capturés le jeudi 3 décembre 2015 par Emeline de Saint Brieuc qui était sur place dans la nuit du Jeudi au Vendredi.
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