NZ 18, Christchurch, 27 mois après...
NZ 18, île du Sud
Christchurch, 27 mois après…
… ou le troublant fantôme tremblant.
LE FANTÔME :
C'était tremblant, c'était troublant,
C'était vêtu d'un drap tout blanc...
George Brassens.
Tabula Rasa…
Zone Rouge interdite au public. Contrôlée par les militaires.
Le cœur de la ville n’existe plus.
Plus de deux ans après le séisme, le « centre » de Christchurch est en lambeaux…
La première chose qui frappe le regard, c’est l’étendue considérable des dégâts dans la deuxième *(1) ville de ce pays moderne.
Puis viennent les interrogations :
Pourquoi 27 mois après la catastrophe les travaux semblent si peu avancer ?
Pourquoi ce troublant silence qui enveloppe la Zone Rouge ?
Où sont donc les marteaux piqueurs, les bétonneuses, les grues et les pelleteuses ?
Un calme étrange écrase le centre de la ville, tuant la fièvre attendue et espérée d’une citée qui nécessiterait une rapide reconstruction.
Le quartier de la cathédrale, devenu un « no man’s land », devrait s’agiter dans le tintamarre des poutrelles métalliques s’entrechoquant, frémir aux bruits des toupies de béton qui devraient sillonner les terrains vagues, bouillonner sous l’effervescence d’équipes d’ouvriers qu'on aimerait voir nombreux…
Rien de tout cela ou presque…
Trop de silence pesant dans cet émouvant paysage urbain pour envisager une rapide reconstruction…
La ville lutte péniblement pour effacer les stigmates de la dévastation.
Une ville abattue, dépressive, minée par une terre tremblante.
Retour sur un désastre :
22 février 2011, 12h 51mn 42 s, les immeubles se fissurent, les trottoirs se déchirent, les routes s’éventrent…
La terre tremble sous une première longue secousse de magnitude 6’3.
Une réplique de magnitude 5,6 survient à 13h 04…
Accélération des mouvements de terrain sous Christchurch, liquéfaction des sols, le réseau électrique est coupé, incendies, explosion des canalisations de distribution de l’eau…
La flèche de la cathédrale s’effondre, les façades des bâtiments historiques s’écroulent, les pavillons de ce « petit coin d’Angleterre » disparaissent dans la poussière…
L’aéroport est fermé.
La « capitale » de l’île du sud est à 10 km de l’épicentre du séisme localisé à Lyttleton dont le port vient de sombrer…
Beaucoup plus loin à l’Ouest, 30 millions de tonnes de glace se détachent du glacier Tasman provoquant à la surface du lac Pukaki des vagues hautes de plus de 3 mètres durant une demie-heure…
Le Canterbury vient de subir le séisme le plus meurtrier du pays depuis 1931 ; Les autorités dénombreront 185 victimes, la romancière Jane Bowron écrira :
« …la main de Dieu s’abat une fois de plus pour nous gifler… »
Depuis la catastrophe, la survie de la ville est en jeu : les « ingénieurs experts » sont mis en accusation, ils auraient minimisé les risques d’un premier tremblement de terre affectant la ville le 4 septembre 2010 (magnitude 7, mais pas de victime) …
Auraient-ils, sous la pression des assureurs, expertisé « viables » de nombreux bâtiments anciens fragilisés qui se sont effondrés cinq mois plus tard comme des décors de théâtre ?
Les élus et techniciens sont maintenant divisés sur la stratégie à adopter.
Certains n’hésitent pas à poser la question redoutée : faut-il reconstruire dans une telle zone à risque majeure ?
Réflexion politiquement incorrecte, cette idée est battue en brèche par le maire, qui veut faire du centre de sa ville un espace moderne aux normes antisismiques bien maîtrisées…
Comme le parlement de Wellington par exemple!
Christchurch veut renaître, Christchurch veut vivre...
La chambre de commerce du Canterbury a avancé la fourchette de la somme colossale de 30 à 35 milliards de dollars nécessaire à une reconstruction qui devrait durer une vingtaine d’années…
En attendant, les bâches plastiques pansent les plaies ouvertes de la ville.
Les banques, les services, les cafés et commerces survivent dans des containers aménagés en urgence.
Environ 900 entreprises du centre sont « hébergées » dans les banlieues.
La ville a perdue des milliers d’emplois. Parmi les 40 000 sinistrés, des milliers d’entre eux ont définitivement quitté la région, près de 10 000 foyers sont en attente d’expropriation...
Les assurances et l’Etat peinent à dédommager les victimes…
Les psychiatres soignent un nombre croissant de patients…
Pourtant tout n’est pas sombre dans cette baie du pacifique : de nouveaux buildings émergent des décombres comme le « Novotel » ;
La mairie aussi, s’est dotée d’une nouvelle structure moderne.
Tout près, le nouveau musée d’art à l’architecture futuriste semble faire le pied de nez aux pessimistes.
On veut encore y croire à la nouvelle ville de Christchurch, mais tous s’accordent à dire qu’il faudra du temps et de l’argent…
Beaucoup de temps, beaucoup d’argent…
« Vous verrez, si vous passez par là, la route est « bumpy… » nous avait dit le pompiste…
La voiture dodeline sur le ruban déformé de la banlieue de Christchurch…
Nous faisons route vers le Nord, laissant derrière nous la ville et ses meurtrissures, oubliant les maisons identifiées à la peinture comme étant vouées à la destruction…
La ville est triste, la ville souffre…
Pour sa population et le pays tout entier, le défi est immense!
*(1) Christchurch est considérée deuxième ville du pays si on s’en tient au recensement des communes, mais si on considère les conurbations existantes, elle se situe derrière Auckland et Wellington.
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