Pérou 4, Huaraz, sous le regard de la Cordillera Blanca.
Pérou 4, Huaraz, sous le regard de la Cordillera Blanca.
Au pied des géants !
La Cordillera Blanca se dresse, orgueilleusement, entre équateur et tropique : Un décor somptueux au nord du Pérou empreint de quiétude et de majesté.
Une trompeuse sérénité...Les populations du Parque Nacional Huscaran n’oublient pas les violences épisodiques de la région soumise à de réguliers tremblements de terre.
Avant même que les forces telluriques se déchainent, les mules, nombreuses à gravir les sentiers rocailleux des alpages, devinent sous leurs sabots l’énergie emprisonnée, bouillonnante, indomptable…
Massif montagneux long de 180 km, le plus haut de la planète en zone dite « tropicale », à quelques heures des rivages du Pacifique, cette puissante chaine de montagnes trace une barrière naturelle entre la côte désertique et le bassin amazonien.
Pas loin de trente sommets culminent à plus de 6000 mètres d’altitude !
La Cordillera Blanca et le mont Huscaran (6768 m) imposent le respect !
C’est une gourmandise sérieuse pour les alpinistes confirmés, la montagne en a mangé quelques-uns, et les trekkeurs considèrent Huaraz comme la Mecque de la randonnée alpine.
Nous arrivons au petit matin à Huaraz, fond d’air frisquet dans le « Chamonix » des Andes péruvienne.
Ici, les hôtels attendent les voyageurs qui débarquent des bus de nuit.
On se fiera aux recommandations piochées dans différents guides pour déposer nos sacs dans un hospedaje de la ville basse, pas très loin du torrent… Erreur : à six heures du matin nous poussons la porte d’une chambre glauque, triste et froide, alimentation en eau chaotique, sanitaire défaillant, cuisine commune à disposition dans un état lamentable…
Je minimise l’impact devant Marie qui fait la tronche en remarquant que le lit est bon !
Une bonne ambiance cependant anime la salle de « restauration » et les discussions vont bon train entre les pensionnaires.
C’est l’occasion d’échanger des informations sur les treks et de faire quelques belles rencontres : Coline est venue rejoindre Marina qui promène sa curiosité sur les routes d’Amérique du sud depuis quelques mois.
Toutes deux partagent notre table. Elles viennent du Pays Basque, le contact est rapide et facile.
Nous sympathiserons avec ces deux jeunes femmes pleines de vie et d’humour, intelligentes et disposées à faire un long « break » dans leur vie professionnelle.
Leur dynamisme nous rappelle l’énergie d’Elsa rencontrée au Nicaragua.
Nous qui avons l’âge d’être leurs parents, nous apprécions ces hasards du voyage qui nous maintiennent en forme et nous rapprochent de la réalité de la jeunesse d’aujourd’hui! Un véritable bonus pour rester les pieds sur terre !
Après avoir fait le tour de la question hôtelière, (traduisez : Marie inspecte, matelas, draps, douche, chiottes…et pleure presque !), et après avoir conclu que s’évertuer à faire de la cuisine dans ce bordel devenait un enjeu sanitaire, nous déménagerons vers les hauts de la ville à l’Albergue Churup :
Pour les voyageurs qui me liront, je cite volontairement le nom de l’hôtel (et par pitié passe sous silence l’autre, mentionné dans le Lonely et le Routard !)
L’Albergue Churup est un modèle du genre, chalet de montagne impeccablement tenu, calme et spacieux, à un jet de pierre de la Plaza de las Armas, doté d’un personnel tout sourire et efficace.
Terrasse et salon avec vue sur la chaîne de montagnes.
Connaissant l’importance de la bouffe et de l’hébergement en voyage pour les petits budgets, je fais cette parenthèse : Inclus dans le prix du gîte, petit déjeuner à volonté de 7h à 10h, : Vrai café et thé, maté de feuilles de coca, lait, excellents petits pains frais, bananes, mandarines, mangues, jus de fruits frais, avocats, œufs comme on veut, beurre, confiture, salade de fruits frais pommes ananas oranges, salade tomates concombres, pâtisseries, riz au lait ou semoule chaude…
désolé pas de fromage ni de jambon !
Lit en dortoir pour 33 soles (8 Euros), chambre double pour 90 soles (23 Euros).
Les tarifs augmentent en pleine saison. Rapport qualité prix remarquable et extrême gentillesse du staff !
Huaraz n’a pas le charme des cités montagnardes, on ne peut guère lui en vouloir ; Reconstruite à la « va-vite » après le terrible séisme de 1970, la ville a pleuré ses 70 000 disparus et a retroussé ses manches comme elle a pu !
Le « nouveau » Huaraz affiche des immeubles de briques rouges pas toujours finis, des rues à angles droits aux trottoirs hésitants, des éternels fils électriques pendouillants et d’innombrables agences plus ou moins sérieuses d’alpinisme et de trekking.
Si on y ajoute une armée de taxis klaxonnant bruyamment, un trafic congestionnant les artères principales et un taux de pollution inquiétant, la ville n’a apriori que peu d’atout pour retenir le visiteur.
Mais en levant les yeux, le regard se perd dans les sommets enneigés ceinturant la ville andine, Huaraz devient alors généreuse, offrant toute la magnificence des splendides hauts sommets de la cordillère blanche !
Nous avions convenu de nous engager dans le Santa Cruz trek, une superbe rando de quatre jours qui traverse de magnifiques vallées avec passage d’un col à 4700 m.
L’ensemble du parcours évolue aux alentours des 4000 m, une adaptation à l’altitude de plusieurs jours est nécessaire et une fois l’acclimatation acquise, la marche quotidienne se fait bien.
Nous avons donc entrepris les « day trek », effort progressif à la journée, des marches de quatre à six heures qui font gagner des lagunes miroitantes bien souvent entre 4 et 5000 mètres, parfois un peu plus.
Nous avons fait ces entraînements dans des conditions climatiques moyennes…Un peu de beau, mais beaucoup de pluie, de brouillard et du froid.
Nous sommes en fin de saison des pluies, fortement déréglée par El Niño, et la situation ne s’est pas améliorée au fil des jours que nous avons passés à Huaraz.
Nous avons longtemps hésité à réserver le Santa Cruz…
Pressées de vendre, les agences annoncent des départs tous les jours, mais sous une toile de tente dans une constante humidité et avec de fortes pluies assurées en fin de journée, nous avons renoncé à l’aventure !
Sans regret, car la beauté du spectacle, dans ces conditions, n’est pas au rendez-vous !
El Niño en aura donc décidé autrement, dommage, mais nous nous sommes quand même bien régalés de nos sorties à la journée !
Au tableau de chasse la laguna Wilcacocha qui étend ses eaux parfois sombres à 3700 mètres, un bon exercice pour débuter.
Puis la Laguna 69, rien d’érotique, mais c’est son numéro dans l’ordre des lagunes d’altitude, 13 km aller et revenir, parcours exigeant dans un cadre magnifique, contrarié par une météo tourmentée…
On en a « chié » un peu pour entrevoir entre pluie, brume et basse température cette superbe lagune culminant à 4600 mètres.
Les retours à l’auberge arrangent tout, nous oublions le mauvais temps devant le foyer flambant de la cheminée du salon !
Nous nous plaisons à Huaraz en cette saison où les touristes sont peu nombreux.
Demain c’est sûr, nous filerons à la découverte du glacier Pastoruri !
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