Le Ranquet en Vadrouille...Carnet de route.

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Rwanda 5, Pierre, Portrait

Pierre, professeur de Kyniarwandais et de Français ; portrait

 

 

 

 

 

 

Proverbe Rwandais :

 

 

« Si on te donne l’amulette contre la vengeance, cela ne suffit pas…apprends aussi à te cacher ! »

 

 

 

 

Portrait :

 

Pierre, professeur de kyniarwandais  et de Français.

 

La première journée de trail fut difficile, la chaleur accablante alourdissait notre pas.

 

 

l’orage de fin d’après-midi a été bienvenu, il allait alléger l’air moite des collines.

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous devions planter les tentes sur un bout d’herbe, les lourdes pluies en ont décidé autrement.

 

 

Madja avait un « plan B » comme il dit…

 

 

Pierre et Florence pouvaient nous offrir le gîte pour la nuit.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nos ponchos dégoulinaient à notre arrivée chez Pierre, Madja a rapidement mis un thé noir en route, il avait froid.

 

 

Le sourire de Pierre fut réconfortant après ces neuf heures de marche.

 

 

La maison de Pierre et Florence est modeste, mais « moderne » :

 

 

 Le sol est cimenté…Oublié la terre battue, terminé le cadenas qui retient les portes de bois mangées au bas par les années, ici la porte est en fer et bénéficie d’une serrure à clé.

 

 

La table basse est bancale, le ciment du sol n’est pas de niveau, Madja  va plier des emballages de thé et caler un pied, ça fera l’affaire ; la bouteille thermos fabriquée en Chine se tiendra bien verticale, le thé ne débordera pas des tasses.

 

 

 

 

 

 

 

Pierre ne se sépare pas d’un permanent sourire…il est heureux d’avoir des Français chez lui !

 

 

Il enseigne le Kyniarwandais et le Français pour des élèves de secondaire.

 

 

Depuis la réforme le Français est marginalisé à 4 h par semaine, au lieu de 18 h autrefois.

 

 

Ses deux enfants, Aimé et Edith, vont-ils apprendre le Français ? Gêné, Pierre répond évasivement:

 

 

« On n’a plus le droit…on verra … » et il sourit.

 

 

 

 

 

 

 

 

Pierre s’est marié à Florence « sur le tard », à cause de la guerre nous dit-il.

 

 

 Pierre est Hutu…

 

Quand les massacres ont commencé, comme de nombreux  Hutu, il a eu peur.

 

Il s’est enfuit au Congo.

 

 

 

A cette époque, Pierre  travaillait pour les Français au Centre Culturel  de Kigali.

 

De quoi devenir suffisamment suspect aux yeux des « libérateurs » Tutsi de l’armée Ougandaise Anglophone.

 

 

Pierre est « un homme bien » nous confie Madja…

 

 

Cinq à Six millions de Hutu n’ont pas participé aux massacres.

 

 

De nombreux Hutu « modérés » ont rejoint les monceaux de cadavres démembrés qui barraient les routes.

 

 

Officiellement, le gouvernement Rwandais parle de génocide Tutsi, l’ONU corrige en utilisant le vocable « génocide Rwandais ».

 

 

L’Eglise, quant à elle, aimerait qu’on dise « double génocide », un mensonge dénoncé par la communauté internationale qui sent pointer le révisionnisme.

 

 

 

Quand les choses se sont calmées, Pierre est rentré au village sur sa colline.

 

 

Avec Florence, ils feront deux enfants, « …C’est assez, il faut de l’argent pour les faire bien grandir… » dit-il.

 

 

 

Les jours de classe, Pierre escalade les pentes abruptes durant cinquante minutes pour rallier l’école, le retour se fait en dix minutes de moins.

 

 

Florence travaille aux champs, va chercher l’eau dans de lourds bidons de plastique jaune et soigne leur plantation de caféiers.

 

 

 

 

 

 

 

 

Ses moments libres, Pierre les occupe à la fabrication du charbon de bois en débitant des troncs d’eucalyptus…ça sent bon quand ça brûle.

 

 

Les sacs de charbon seront vendus aux gens de la ville.

 

La nuit est tombée, on n’y voit plus rien dans la pièce, je cherche ma tasse de thé.

 

 

 

Il faut attendre l’obscurité quasi totale pour allumer la lampe à pétrole, ici on ne gaspille rien  surtout pas le combustible dont le prix ne cesse d’augmenter.

 

 

Une odeur de pétrole s’est répandu dans la carrée, la flamme orangée vacillante éclaire au mur un poster de Jésus à son dernier repas.

 

 

Pierre et Florence attendent l’arrivée de l’électricité sur la colline;

 

 

Les Belges ont donné de l’argent pour financer une mini station sur un barrage coupant une rivière qui va mourir dans le lac Kivu.

 

 

 

 

 

 

 

La lumière, ce sera peut-être l’année prochaine s’enthousiasme-t-il…

 

 

 

Florence ne dit rien. L’eau courante, il n’en parle pas.

 

Nous avons décidé qu’au lever nous ferions une photo de famille, les enfants devant, au premier plan.

 

 

 Aimé et Edith ont enfilé T-shirts et shorts propres, après la photo ils reprendront leurs habits habituels.

 

Les habits du dimanche, c’est pour la messe et les photos!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Emus, nous quittons cette famille des collines que nous ne reverrons plus, Ils nous souhaitent bon voyage !

 

C’est si loin la France .

 

 

«  Pour l’instant ça va…c’est calme » nous a dit Pierre en nous saluant.

 

 

Pierre et Florence « des gens bien !»

 

 



04/10/2012
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