Rwanda 9, Kigali un dimanche...vaut bien une messe!
« Une saison de machettes »
Extrait du livre de Jean Hatzfeld, recueil de témoignages…
" Au fond, un homme c'est comme un animal, tu le tranches sur la tête ou sur le cou, il s'abat de soi.
Dans les premiers jours, celui qui avait abattu des poulets, et surtout des chèvres, se trouvait avantagé; ça se comprend.
Par la suite, tout le monde s'est accoutumé à cette nouvelle activité et a rattrapé son retard...
Le boulot nous tirait les bras... ... Personne ne peut avouer l'entière vérité. Sauf à se damner aux yeux des autres. Et ça, c'est trop grave.
Mais un petit nombre commencent à raconter des bouts terribles. C'est grand-chose...
Les fauteurs savent plus que des souvenirs et des précisions élémentaires, ils ont des secrets dans l'âme"
Kigali, un dimanche …vaut bien une messe !
Les églises sont pleines à craquer. La messe c’est sacré.
Evoquer le génocide avec les Rwandais, nous l’avons expérimenté, c’est tout à fait possible.
Mais confesser que l’on ne croit pas en Dieu, ou pire, prétendre que l’on a confiance en aucun Dieu, c’est pratiquement une notion incompréhensible pour les Rwandais ! On touche à l’offense et au blasphème !
Pourtant, certains se posent quand même des questions sur le comportement génocidaires des prêtres et religieuses impliqués dans les massacres.
Mais pour ne pas douter d’avantage, la lecture de la Bible est d’un grand réconfort.
Les textes sacrés, sans fournir les réponses, apportent le soulagement et l’espoir d’une « nouvelle naissance », d’un monde meilleur !
« Pardonne-moi mes offenses, mes péchés, mes fautes, comme moi aussi je pardonne à ceux qui m’ont offensé » C’est Jésus qui le dit !
Ici, avec Jésus, on ne plaisante pas.
Il est partout, sur les bus, dans les échoppes, sur les bavettes des motos, à l'entrée des écoles...
Jésus dispute la place à Paul Kagamé le Président.
A qui les Rwandais font ils le plus confiance?
D’autres artifices sont habilement distillés dans les églises :
« les brebis égarées », « la main de Satan », « Père pardonne- leur car ils ne savent ce qu’ils font » …autant de prêches qui mènent tant bien que mal à la résilience.
Ce dimanche à la cathédrale St Michel, il y a foule :
L’imposant parking de l’église ne peut contenir les trop nombreux 4X4 rutilants qui occupent les trottoirs encadrant.
La communauté blanche occupe les deux premiers rangs face au bataillon de prêtres qui officient.
On ne sait pas pourquoi cette vingtaine de Blancs se retrouvent en pole position.
ils sont présents à l’office de 9 h car la messe est dite en Anglais.
Comme la liturgie se termine à 11 h, les Zumgus sont libérés à une heure décente pour les barbecues parties du dimanche.
A 11 h 15 débute la messe en Kyniarwandais, changement de prêtres, nouvelle chorale, nouvelles prêches…
Les chants des chorales sont remarquables.
La cathédrale durant la cérémonie, reste portes grandes ouvertes autorisant un va et vient permanent de fidèles et permettant une aération bienfaisante sous les tôles de l’édifice.
Certains fidèles sont agenouillés à même le sol durant une grande partie de l’office.
Ont-ils beaucoup à se faire pardonner ou est-ce dans la pénitence qu’ils espèrent le salut ?
La reconstruction du Rwanda ne peut être comprise sans la prise en compte de la dimension religieuse qui anime les Rwandais.
La force du pardon, la main tendue, le partage après l’abomination…Impressionnant !
Comme c’est dimanche et que les curés ont droit au vin de messe, on se dit que nous aussi on s’en prendrait bien un gorgeon pour l’apéro !
l’hôtel des « Mille Collines » est à un jet de pierre.
Le sauvignon Sud-Africain accompagnera avec bonheur l’épatant buffet dominical au bord de la piscine.
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