South Africa 7, la route des vins...ou la route des "Blancs"
South Africa 7,
La route des vins…ou la route des « Blancs »…
Le vignoble!...Dans un décor de rêve ; au pied des montagnes enfantant des vallées de cartes postales.
…Et au milieu coule une rivière…
Un paysage bucolique d’une étonnante harmonie : tout est calme, reposant, paisible…
Parfois le cri des ibis aux longs becs courbés, rappellent que les vastes « estate » aux murs enduits de blanc immaculé ont vu le jour dans une Afrique avantageuse…
Qu’on ne s’y trompe pas, ici ce n’est ni les Alpes ni le piémont Italien ;
C’est une vallée vierge Africaine que découvrirent en 1688 une poignée d’Huguenots (270 âmes dit-on) chassés de France par la révocation de l’Edit de Nantes…
Tout d’abord des pionniers!
Un énorme travail sans aucun doute!
Et aussi un profond respect du nouveau pays dans le quel, pour le meilleur et souvent pour le pire, ils allaient construire avec leurs souvenirs, ce qu’on nomme encore ici le « coin des Français »: Franschhoek.
Une dizaine d’années auparavant les Bataves s’étaient installés à Stellenbosch ; les grands domaines viticoles portent sur leurs façades les courbes de l’architecture Flamande qui évoque les maisons bourgeoises des villes du Pays-Bas.
Nous sommes à moins d’une heure de route de Cape Town.
Nous ne pouvions pas le savoir, mais le luxe secret et la richesse discrète des grands domaines viticoles Sud-Africain allaient nous préparer à l’opulence de la tentaculaire capitale du sud qui s’ouvre sur le Cap de Bonne Espérance.
De Stellenbosch à Franschhoek, les grands noms du vin se disputent le témoignage de l’histoire douloureuse d’une « colonisation » qui tait son nom.
Le vignoble est « Blanc », la sueur qui s’y dépose toujours est bien souvent noire…
Longtemps les ouvriers agricoles de la vigne devaient se contenter d’un « salaire » en litres de vin…
Une façon d’entretenir la dépendance alcoolique et la misère qui en résultait.
Stellenbosch, où nous avons logé deux nuits, est une ville propre, blanche et Calviniste!
Donc le dimanche est respecté : on va à la messe et la vente de vin est interdite!
Il nous aura fallu un peu courir les vallons pour trouver un « estate » ouvert le jour du seigneur afin de ne pas mourir de soif!
Dans un environnement grandiose, le domaine « Tokara », protégé des vents par de magnifiques plantations d’oliviers, couronne son vignoble d’une architecture résolument moderne…
Le bon goût de l’art contemporain se marie avec la sobriété de la pierre et la pureté du verre.
De la salle de dégustation, derrière d’épaisses vitres, on sent sommeiller les vins dans des cuves inox qui produiront une belle gamme de blancs…
À « Tokara », comme dans plusieurs domaines en quête de qualité, seuls les grands blancs passent dans le bois…
Un élevage discret dans du fût de chêne Français apporte l’élégance soignée à de beaux Chardonnay ; les Chenins sont racés et les Sauvignons sont d’une fraîcheur exceptionnelle pour un prix dérisoire…
Les rouges du domaine ne sont pas en reste, en particulier le « Pinotage », un cépage inconnu en Europe, issu d’un croisement du Pinot noir et du Cinsault :
une belle réussite pour cette cuvée qui démontre le savoir faire des « wine makers » maîtrisant la richesse du degré alcoolique, pour au final mettre sur table un flacon subtil où le fruit explose!
(Comme souvent en Languedoc, avec des vins qui titrent 14 à 15°, on mesure la difficulté de produire un vin sans lourdeur et plaisant à boire)*
De Franschhoek à Stellenbosh, il n’y a que quelques mamelons ondoyants plantés de ceps en rangs serrés à franchir…
Les chemins qui traversent la vigne sont étroits, à l’image des esprits des citoyens de la charmante ville propre de Stellenbosh.
Stellenbosh a su préserver ses vieux édifices de l’époque des premiers colons Hollandais…
La deuxième plus ancienne ville du pays en est fière et c’est légitime.
Ce qui semble moins reluisant, c’est la farouche obstination de la ville à cultiver son côté « Afrikaans »…Stellenbosh est une ville blanche où en 2012 on peut encore en toute illégalité refuser l’accès d’un bar à un étudiant noir…
Nous avons rencontré Andrée-Anne, une étudiante Québécoise qui a passé six mois à la très réputée université de Stellenbosh.
Les étudiants sont blancs et de bonne famille.
Une anecdote parmi d’autres que nous a relaté notre cousine du Québec :
En début d’année universitaire, devant un amphithéâtre où les étudiants avaient pris place, un homme noir est venu distribuer des documents relatifs au cours du jour…
Un étudiant l’a interrompu dans sa démarche en lui disant qu’il pouvait déposer son paquet de feuilles sur le bureau car le professeur se chargerait de la répartition des supports…
Le jeune étudiant blanc ne pouvait pas imaginer un seul instant que c’était le professeur en personne qui déjà était déjà présent et effectuait la distribution…
Un prof noir est une réelle exception à Stellenbosh !
Ce soir au Backpaker, pour vexer personne nous buvons du « Blanc »!
*nous avons goûté un bel échantillonnage de vins en nous attardant chez les cavistes, garantissant ainsi une sélection sérieuse…
Les déceptions ont été plus nombreuses que les étonnements.
De nombreux vins sont maquillés avec un côté " techno" évident et trop souvent outrageusement boisés…
Cependant, les domaines Sud Africains savent aussi produire des vins bien faits…
il n’y a pas de secret, il faut y mettre aussi le prix…Cela dit, nous avons bu d’excellents Sauvignons à 5 euros et des Rieslings très typés dans la même gamme de prix.
Pour les rouges, ça nous semble plus hétérogène…
Exigence personnelle peut être, mais nous avons abandonné les « Shiraz » d’une épaisseur fatigante…
Il y a bien sur les grands domaines comme « Rust en Vrede Estate », ne produisant que des vins rouges de qualité.
Lors de la remise du prix Nobel de la paix à Oslo en 1996, Mr Mandela avait mis sur la table les grands vins de ce domaine…
à Cape Town, le flacon du début de gamme de ce domaine est vendu aux alentours e 50 Euros.
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