Viet Nam 1, Hanoï, la rage de vivre!
Viet Nam 1,
Hanoï, la rage de vivre !
Nous avons quitté la douceur de Luang Prabang et le soleil du Laos à bord d’un ATR de la compagnie « Lao Airlines »…
Une heure de vol pour rejoindre Hanoï au lieu des 30 heures de bus traversant (de nuit) les montagnes séparant le pays Lao du Viet Nam… Le choix est vite fait!
En se privant du doux regard serein des Laos, nous allions plonger dans le tourbillon d’Hanoï :
Une transition brutale dans la frénétique capitale du Viet Nam.
Hanoï, sept millions d’habitants…Peut être plus ;
Quatre millions de deux roues…Peut être plus ; Cent trente kilos de riz par an et par habitant…Peut être plus ;
Un nombre incalculable de restaurants et de gargotes…Peut être plus.
En cette fin d’après midi, la turbulente « ville à l’intérieur du fleuve » hésite à laisser le soleil trouer la couverture grise qui plombe le delta du fleuve Rouge.
L’impression est étrange, la ville semble être prisonnière d’un dôme de cellophane qui retient tendue une pollution qui laque d’un lavis orange le fond de l’atmosphère.
De l’aéroport d’Hanoï distant d’environ 40 km du centre ville, il nous faudra une heure et demie pour rejoindre notre hôtel coincé dans une ruelle du « Vieux quartier ».
Tout de suite, nous mesurons l’écart qui sépare le Laos avec ses six millions d’âmes, et le Viet Nam fourmillant d’une incroyable jeunesse, qui vient gonfler une population dépassant maintenant les quatre vingt dix millions d’habitants.
L’effervescence est palpable, les rues vibrent d’une activité fascinante qui ne cesse de surprendre l’Européen fraichement débarqué dans la magie énergique qui agite Hanoï dès le matin.
À quelques jours de la « Fête du Têt », Hanoï s’enflamme, le Nouvel An Viet-Namien approche.
Les rues déjà encombrées d’ordinaire se transforment alors en un véritable bazar d’où s’échappent un dynamisme et une ardeur au travail ne laissant guère de place à la rêverie.
Hanoï est monté sur ressorts.
On finit vite par s’habituer aux concerts de klaxons et au flot de scooters glissant en bon ordre dans les rues de la ville, pareil à un banc de sardines argentées.
Dans cette frénésie débordante, le calme se rencontre autour du lac Hoan Kiem, au pied du « Vieux quartier », devant les eaux verdâtres qui baignent le temple de jade.
Sur des bancs de béton aux socles verdis de lichens, des amoureux s’effleurant discrètement, échafaudent des projets pour demain…
Ces jeunes gens sont les forces vives d’une Nation à l’énergie débordante.
Hanoï pétarade, bouillonne, klaxonne, et mêle les fumets de soupes de nouilles aux vapeurs d’essence de la ville en fusion.
À chaque passage de train sur des rails soutenus par les poutres métalliques du vieux pont « Long Bien », l’acier gémit de concert avec les robustes locomotives diesel tirant les trains du sud au nord ou descendant de Chine.
Le pont est à l’image de la ville : il vibre, tremble, suinte et respire bruyamment comme la capitale.
Construit par les Français sur des plans de Gustave Eiffel, le pont « Long Bien » autrefois appelé pont « Paul Doumer » accorde aux trains le franchissement des eaux cendrées du fleuve Rouge.
Bombardé à plusieurs reprises par l’aviation américaine durant la guerre, mais sans cesse remis sommairement en état après chaque attaque, le pont Long Bien est devenu l’emblème de la résistance et de la ténacité de la ville.
Le sinistre sifflement des chapelets de bombes s’arrêta lorsque les Américains furent prévenus que les Vietnamiens allaient employer des prisonniers US pour la réfection du pont.
« Nous avions tort, terriblement tort. Nous nous devons d’expliquer pourquoi aux générations futures »… Robert McNamara, secrétaire d’Etat Américain à la défense sous le gouvernement Johnson.
L’endurance au mal, à la souffrance, et la capacité à la lutte obstinée du peuple Vietnamien se mesurent parfaitement lors de la visite du « Musée des femmes » à Hanoï :
Un émouvant hommage est rendu au rôle des femmes dans la société et à leur importante contribution héroïque durant la guerre.
Le culte de la « Déesse Mère » y est illustré souvent de façon poignante et saisissante à l’image du cliché pris sur le vif de Le Van Thuc, condamné à mort au bagne de Poulo Condor et retrouvant sa mère après sept années de captivité:
Si la femme a connu ses heures de gloire durant la guerre et la révolution communiste, il semblerait que depuis l’avènement de la République Socialiste du Viet Nam en 1975, les dirigeants passés et actuels, la plus part corrompus, ont oublié les belles paroles et promesses de l’époque :
La condition des filles, femmes et mères de l’ancienne Cochinchine est demeurée difficile, les hommes s’accaparant pratiquement tous les postes à responsabilité.
Pendant ce temps la vendeuse de la rue Dinh Liet, qui sous un masque se protège du soleil et de la pollution, ne semble pas s’en émouvoir.
Elle suspend sous la bâche de son échoppe les T-shirts blancs ou rouges floqués d’un éternel « Good Morning Viet Nam » !!
Hanoï au hasard des rues :
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