Charleston, l'élégante dame du Sud...
Charleston, l’élégante dame du Sud…
« Pour décrire notre enfance dans les basses terres de Caroline du Sud, il me faudrait vous emmener dans les marais, un jour de printemps, arracher le grand héron bleu à ses occupations silencieuses, disperser les poules d’eau en pataugeant dans la boue jusqu’aux genoux, vous ouvrir une huitre de mon canif et vous la faire gober directement à la coquille en disant : Tenez. Ce goût là, c’est toute la saveur de mon enfance. »
Pat Conroy : « Le Prince des marées ».
Comme on peut l’imaginer, c’est une ville « bien pensante », une ville Sudiste occupant un emplacement privilégié sur une péninsule qui perce l’océan où se déversent l’Ashley et la Cooper river.
Charleston riche de son histoire rassemble les anges et les démons du Deep South.
Élégance de l’architecture de ses maisons bourgeoises, jardins et parcs soignés, front de mer offrant une promenade longeant les belles façades aux ferronneries stylisées, l’aristocratique Charleston n’oublie pas son passé tumultueux.
C’est à Charleston que les premiers boulets de canon furent tirés de «The Battery » lors de la guerre de sécession.
C’est à Charleston aussi que dès les années 1730, le port devint la plaque tournante de la traite des Noirs Africains.
Depuis cette histoire coloniale marquante du Sud, la vieille ville épargnée par les constructions modernes, a mis en valeur le quartier historique qui maintenant partage ses beaux bâtiments de briques entre les restaurants huppés, les boutiques à la mode et les antiquaires…
La ville a du charme, on la sent distinguée dans ses manières.
Paul venu nous rejoindre dans sa ville natale nous fera découvrir les rues pavées qui mènent au port, les magnolias et les palmiers nains symboles de la ville qui ombragent les somptueuses demeures du temps des colonies…
Paul connait bien Charleston, il a vu la ville se transformer…
Paul nous conduira à la maison de bois qui l’a vu naître 80 ans auparavant.
Nous irons ensemble à l’université, là où son père enseignait la littérature Anglaise, là où enfant il découvrit Shakespeare et son théâtre.
Paul quittera rapidement Charleston, ses rues étroites et la vision étriquée de ses habitants…Il partira très jeune pour New York respirer un air nouveau loin des principes passéistes de la Caroline du Sud.
Charleston donna naissance au « charleston » popularisé par Joséphine Baker et la « Revue Nègre » qui cassa la baraque à Paris dès 1925.
Née dans la communauté Noire des États du Sud, la danse issue des rythmiques du jazz gagnera peu à peu les salles de bal de la société blanche.
Le « charleston » et son tempo saccadé sera une source d’inspiration pour les danseuses et danseurs de Hip Hop actuels.
Ci dessous, Pat Conroy évoquant la Caroline du Sud :
« J’ai grandi en Caroline du Sud où je suis devenu un homme, un Blanc Sudiste, et je vivais avec brio la haine que j’avais consciencieusement appris à nourrir contre les Noirs lorsque le mouvement en faveur des droits civiques m’est tombé dessus sans crier gare, au détour d’une barricade, me démontrant à la fois mon ignominie et mon erreur...
...Je pensais passer tranquillement le cap de la trentaine, en brave contemplatif à l’humanisme irréfutable, lorsque le mouvement de libération de la femme m’a coincé au détour d’une avenue et, une fois de plus, je me suis trouvé du mauvais côté de la barricade. Apparemment, j’incarne tout ce que le XXe siècle compte de turpitudes… »
Pat Conroy : « Le Prince des marées »
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