Panama 3, Boquete, "La vallée de l'éternel printemps".
Panama 3,
Boquete, « la vallée de l’éternel printemps ».
À l’écart des températures tropicales, dans un climat doux bénéficiant de l’air frais des hautes terres du Chiriqui, les Américains s’y sont installés.
Boquete fait partie des villages prisés par les « gringos » pour couler une heureuse retraite.
En la nommant « vallée de l’éternel printemps », la communauté Indienne aurait-elle popularisé plus qu’il ne faut ce coin de paradis creusé dans la Cordillère Centrale ?
Ou plus simplement, l’habileté de promoteurs, sachant vendre aux retraités prospères la nature verdoyante du « grenier » du Panama, aurait-il suffit à américaniser Boquete et sa région ?
Depuis quelques années les projets immobiliers fleurissent aussi vite que les orchidées dans la forêt humide !
À mesure que les lotissements sortent de terre, pour un pactole rapportant son pesant d’or, les fincas de café cèdent la place aux résidences privées baptisées de doux noms comme « Valle Escondido Residential Resort Community ».
Dans la « vallée cachée » tout est pensé pour satisfaire le bonheur sans nuage du retraité Yankee :
Spas et piscines, salons de beauté, centre thérapeutique, lieux de culte, terrain de golf…
Revers de la médaille, si certains Boqueteños on fait fortune en liquidant leurs plantations de café, d’autres ne songent même plus à acquérir un lopin de terre tant les prix ont flambé.
Le café, reste cependant un atout de la région :
Produit d’exception recherché tout autant que le fameux « Blue Mountain » de Jamaïque(*), de prestigieuses fincas comme le « Café Ruiz » continue de produire un grain réputé qui s’exporte dans le monde entier.
Nous arrivons à Boquete en quête de quiétude et de climat tempéré.
Pour ce qui est du fond de l’air, c’est parfait…
Pour la tranquillité, on repassera, nous débarquons le jour de l’ouverture de « la feria de las flores y el café ».
Le festival dure une dizaine de jours, c’est devenu une foire commerciale sans attrait et les enceintes diffusent reggaeton et Rn’b toutes les nuits jusqu’à quatre ou cinq heures du matin !
Mais ici le randonneur peut y trouver son compte !
De nombreux trails sont proposés dans cette luxuriante nature et Boquete est devenu un point de chute pour marcheurs et montagnards.
Les treks sont gratuits et ne nécessitent pas de guide :
On peut s’atteler à l’ascension du volcan Baru, point culminant du panama (3475), sans grand intérêt :
Un interminable large sentier monte au sommet permettant aux jeeps et aux quads de déposer les moins courageux.
Une promesse, rarement tenue, c’est de voir les deux océans du haut de ce volcan effondré.
l’abondance des nuages et le froid tenace laissent quelques traces et peu de chance d’apercevoir les eaux bleues de l’Atlantique et du Pacifique !
Et puis, il y a l’immanquable « sendero de los quetzales », une très belle balade en jungle à la recherche du quetzal.
C’est un beau sentier, assez exigeant, cinq à six heures, qui conduit les marcheurs vers des hauteurs respectables à la poursuite de l’oiseau rare !
Pour nous, mais pour beaucoup d’autres aussi, le trail du quetzal s’est transformé en trail du « que dalle ! » Pas un seul quetzal, pas même la queue d’un !
Lors de notre descente, nous rencontrerons un paysan de la communauté indienne chargé de l’entretien du sentier ; Il nous apprendra que le fameux oiseau à grandes plumes vertes ne s’aperçoit guère que durant le mois de mars !!
Peu importe, la randonnée reste une belle marche en forêt dense dominant la vallée.
Les plantations de caféiers de Boquete assurent une activité économique importante dans la région.
La communauté amérindienne est bien présente dans le secteur.
Si certains demeurent à Boquete et occupent des emplois à temps plein dans les fincas, beaucoup d’autres arrivent durant la période de cueillette de fin octobre à mars pour un job saisonnier.
Spécialisés dans la récolte des cerises de café, ils travaillent en famille, les vieux et les enfants aidant les adultes à faire un bon poids pour gagner une poignée de dollars !
Les couleurs vives des robes des femmes Ngöbe ensoleillent les rues de Boquete tout comme les pentes vertes des versants des plantations.
Les femmes, visages larges, cheveux d’un noir intense, sont inévitablement entourées des gamins. Les hommes ont semble-t-il abandonné la tenue traditionnelle.
Pour avoir randonné sur les flancs de la montagne, au hasard de nos marches, nous avons croisé ces familles qui bien souvent vivent dans des conditions très précaires.
Elles ont l‘élégance de descendre en ville avec des tenues impeccables ne laissant rien supposer de leur conditions de logement et de vie quotidienne.
Les Indiens Ngöbe constituent la nation autochtone la plus importante du Panama, estimée entre 100 000 et 150 000 personnes.
Chassés de leurs terres, ils se sont implantés dans les provinces de Bocas del Toro et de Chiriqui.
Ces natifs du Panama, ayant une connaissance ancestrale de la jungle, de l’agriculture et doués pour l’artisanat sont bien souvent réduits à bosser dans les grandes exploitations ou dans les compagnies minières.
Le soleil de « la vallée de l’éternel printemps » ne brille pas de la même façon pour tout le monde…
(*) voir : Jamaïque 3, Montagnes bleues et café noir.
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